Critique

Publié le 9 avril, 2024 | par @avscci

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Madame Hofmann de Sébastien Lifshitz

Au bout de quarante années de carrière et donc de dévouement absolu, Sylvie Hoffman, cadre infirmière dans un service d’oncologie d’un hôpital du nord de Marseille, aspire à la retraite. C’est une perspective de libération (son travail, qu’elle aime, est épuisant) et un sujet d’anxiété : quelle va être sa vie à présent ? Nous sommes dans cette période étrange qui va de la crise du Covid aux débuts de la guerre en Ukraine. Surgit alors le documentariste Sébastien Lifshitz, riche de ses trente ans de films passionnants sur des moments d’existence (pensons aux enthousiasmants personnages des Invisibles en 2012 ou aux jeunes filles d’Adolescentes en 2019.) c’est une véritable rencontre, entre deux personnes qui ont toujours travaillé sur l’humain. L’infirmière accepte la caméra et l’équipe du cinéaste, comme ses collaborateurs qui ne craignent pas d’être filmés et enregistrés en permanence. À partir de 150 heures de rushes, Lifshitz monte un nouveau portrait profond et sensible, pose (en CinémaScope) les questions politiques fondamentales, le travail, le système de santé, le moment de la retraite. Il s’inscrit aussi dans la vie personnelle de son personnage. Il filme les conversations intimes de madame Hofmann avec sa mère, immigrée italienne qui a passé sa vie comme aide-soignante, avec son mari, qui se préserve dans une région de montagne des conséquences de son propre état de santé, avec sa fille et son petit-fils. On repense à Professeur Yamamoto part à la retraite, de Kazuhiro Soda, sorti en France en 2023. Les beaux films traversent les spectateurs comme des expériences de vie.

René Marx

Film documentaire français de Sébastien Lifshitz (2023). 1h44.




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