Critique

Publié le 23 avril, 2024 | par @avscci

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Back to Black de Sam Taylor-Johnson

Morte à 27 ans en 2011, Amy Winehouse a connu une existence tragique pavée de mauvaises fréquentations qui l’ont encouragée à sombrer sous l’emprise de substances délétères. Il reste d’elle une énergie hors du commun et une voix extraordinaire qui n’ont pas suffi à la sauver de ses démons mais lui ont assuré un passeport pour l’éternité. C’est ce destin que relate la réalisatrice britannique Sam Taylor-Johnson après la jeunesse de John Lennon dans Nowhere Boy (2009). Elle se tire à merveille de la plus grande difficulté que présentait ce projet : trouver une interprète capable d’incarner une Amy Winehouse crédible, tout en assurant sur le plan vocal. La réussite de Back to Black est indissociable de la personnalité de Marisa Abela qui adopte son phrasé, ses postures et interprète ses chansons avec une troublante intensité. La séquence au cours de laquelle, interdite de séjour aux États-Unis, elle assiste de Londres à la cinquantième cérémonie des Grammy Awards, en 2008, où elle deviendra la première artiste étrangère couronnée de cinq trophées, illustre cette réussite. C’est à la fois le sommet de sa carrière internationale et le dernier acte déterminant avant la chute. Le film parvient à trouver un subtil équilibre entre cette ascension musicale irrésistible et la descente aux enfers de cette jeune femme sous emprise qui subit à la fois les sautes d’humeur de son compagnon sous influence et son propre père devenu un manager sans pitié. Une conjonction tragique que le film prend à son compte sans noircir complaisamment le tableau. Les fans n’en attendaient pas davantage.

Jean-Philippe Guerand

Film britannique de Sam Taylor-Johnson (2024), avec Marisa Abela, Jack O’Connell, Eddie Marsan, Lesley Manville 2h02.




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