Entretiens Affiche de Brimstone de Martin Koolhoven

Publié le 23 mars, 2017 | par @avscci

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Entretien Martin Koolhoven pour Brimstone

Brimstone se présente comme un western délibérément atypique. D’abord, parce que ce genre, aujourd’hui en perte de vitesse, en est arrivé à un stade où il ne produit plus guère que des prototypes. Ensuite parce que son metteur en scène est néerlandais et qu’il jette un regard européen sur la mythologie de cette terre de pionniers à travers la croisade désespérée d’un prêcheur calviniste diabolique (Guy Pearce) qui professe une lecture très personnelle de la Bible en usant du droit de vie et de mort sur son épouse (Carice van Houten) et ses deux filles (Dakota Fanning et Emilia Jones) sur fond d’intégrisme religieux et dans une atmosphère délétère d’une perversité qui confine souvent à la perversion. Le réalisateur Martin Koolhoven choisit en outre de déconstruire son récit pour lui donner davantage d’intensité et de profondeur. Représentant de la nouvelle vague du cinéma hollandais, cet inconditionnel de Leone, Peckinpah et Tarantino, né à La Haye en 1965, exalte le baroque et ne craint jamais d’aborder les tabous les plus extrêmes. Il personnifie une génération marquée par les désillusions hollywoodiennes de son chef de file, Paul Verhoeven, et bien décidée à en tirer les leçons en se battant pour son sauvegarder son intégrité. Révélé par le téléfilm Suzy Q (1999), Fipa d’argent au festival de Biarritz, puis plébiscité par le public avec Kitchen Paradise (2005), Koolhoven a signé une dizaine de longs métrages parmi lesquels AmnesiA (2001), Knetter (2005) et Winter in Wartime (2008), qui lui a valu de se faire connaître à l’étranger. Il signe avec Brimstone sa première production internationale, tout en assumant pleinement son identité et en s’accrochant coûte que coûte à sa liberté de création et à son indépendance.

De quelle manière avez-vous écrit le scénario de Brimstone ?

Martin Koolhoven : Je l’ai écrit une première fois de façon linéaire en suivant la chronologie de l’histoire. L’intrigue proprement dite regroupait tout ce qui se déroule au présent et s’achevait par une succession de flashes-back. Mais, dans un second temps, j’ai eu besoin d’une année entière pour donner au script sa forme définitive, en brisant ses structures. C’est au fur et à mesure de l’écriture que j’ai réalisé qu’il fallait trouver un moyen de résoudre l’abondance de retours en arrière de la fin, alors que chacun d’eux fournissait des détails essentiels. C’est pourquoi j’ai décidé de tout déconstruire. Il fallait absolument que le passé trouve un espace spécifique en rapport avec le poids qu’il exerce. Bouleverser la chronologie était le meilleur moyen de mettre le passé et le présent sur un pied d’égalité, en respectant l’ampleur émotionnelle du récit. C’était aussi une façon intéressante de souligner certains détails qui me paraissaient importants et de révéler diverses facettes de cette histoire qui me semblaient particulièrement intéressantes. J’ai pu constater que la dynamique dramatique y gagnait considérablement et que le tempo s’en trouvait renforcé. En consacrant une année entière à l’écriture, j’ai eu tout loisir de mesurer l’impact des moindres détails et c’est quand j’ai trouvé la structure la mieux adaptée que le film a véritablement commencé à prendre forme.

Le fait d’avoir modifié cette construction vous a-t-il contraint à procéder à des changements dans certaines séquences ?

M. K. : Je n’ai rien enlevé. J’aurais pu, en revanche, rajouter des choses pour nourrir davantage certaines situations. Je ne souhaite pas être plus précis, de peur de gâcher le plaisir des spectateurs, Brimstone reposant pour une bonne part sur ces révélations successives. Pour prendre un exemple, on découvre au fil du film comment la jeune femme a perdu l’usage de la parole, mais le fait que ce soit révélé au détour d’un flash-back implique de se montrer extrêmement économe de ses moyens et de jouer sur la suggestion. Mais il ne s’agit là que d’un détail parmi d’autres au sein de l’histoire que je raconte et je l’ai traité en tant que tel.

La construction de Brimstone évoque celle d’un autre film interprété par Guy Pearce, Memento de Christopher Nolan. Est-ce délibéré ?

M. K. : Pas du tout, bien qu’on me l’ait souvent fait remarquer. À vrai dire, je ne m’en suis pas rendu compte en écrivant le scénario. Ce n’est que quand j’ai rencontré Guy que ça m’a sauté aux yeux. C’est sans doute inconscient, mais je revendique aussi l’influence de Pulp Fiction de Quentin Tarantino, de L’Ultime Razzia de Stanley Kubrick et de Citizen Kane d’Orson Welles, bref des films qui s’appuient sur une construction non linéaire et auxquels j’adhère naturellement.

Avez-vous procédé à des changements au moment du montage ?

M. K. : Le résultat final est plus conforme au scénario qu’il ne l’a jamais été dans aucun de mes films précédents. La structure n’a absolument pas bougé. J’en ai beaucoup discuté avec Job ter Burg, le monteur avec qui je travaille depuis mes débuts, qui était l’un de mes camarades à l’école de cinéma et a aussi travaillé récemment sur Elle de Paul Verhoeven. Quand il a lu le scénario, il m’a dit que la construction semblait fonctionner sur le papier, mais qu’il fallait voir si elle résistait à la vérité des images. Il a même évoqué l’idée de procéder à un montage alternatif qui soit plus linéaire, mais nous n’en avons finalement même pas eu besoin. Ça marchait bien tel quel.

Pour en revenir à l’origine de ce projet, qu’est-ce qui vous a décidé à réaliser un western ?

M. K. : C’est un genre que j’ai toujours apprécié. À la suite de mon précédent film, Winter in Wartime, j’ai commencé à recevoir des coups de téléphone d’Hollywood et de producteurs anglais pour me proposer des scénarios, mais aucun ne m’a vraiment plu. Un jour, l’un d’eux m’a demandé quel genre de film j’aurais envie de réaliser si j’avais la possibilité de tourner en anglais et, un peu sur le ton de la plaisanterie, je lui ai répondu : un western. Je précise qu’à cette époque, ce genre était considéré comme moribond. C’était juste avant que Quentin Tarantino ne se lance dans Django Unchained [2012]. Alors que je m’attendais à ce que mon interlocuteur ne réplique par un éclat de rire, il m’a simplement répondu : « Pourquoi pas ! » Cette idée a fait son chemin et je me suis dit qu’au vu du succès international remporté par Winter in Wartime, c’était le moment ou jamais pour tenter de réaliser un western. J’ai alors réfléchi sérieusement à ce qui m’intéressait tant dans ce genre et je me suis dit qu’il fallait creuser pour donner une dimension supplémentaire à ce projet, notamment en m’impliquant personnellement et en témoignant de ma propre culture. Et c’est ainsi qu’est née l’histoire de Brimstone.

Portrait du réalisateur Martin Koolhoven

Connaissiez-vous d’autres westerns mettant en scène l’immigration de la communauté hollandaise aux États-Unis ?

M. K. : Je n’en connais pas, mais dans certains westerns spaghetti, on voit apparaître un personnage surnommé « le Hollandais » sans qu’il soit d’ailleurs jamais incarné par un acteur de ce pays. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi l’histoire de cette communauté n’avait jamais été racontée. Ça m’a passionné d’associer la mythologie inhérente au western avec l’histoire de ces colons venus des Pays-Bas qui étaient des protestants calvinistes et de me demander comment ils avaient bien pu réussir à s’intégrer dans ce Nouveau Monde. En effectuant des recherches sur ce thème, j’ai découvert que des villages hollandais entiers ont émigré parce qu’ils reprochaient à leur pays natal d’être rongé par le vice. Ils espéraient pouvoir ainsi vivre leur religion pleinement sur cette nouvelle terre, et plus particulièrement dans le sud du Dakota où ils ont choisi de se regrouper. Pendant que j’étais en train d’écrire le scénario, c’est un ami qui m’a fourni des précisions sur la topographie de cette région et notamment la diversité exceptionnelle de ses paysages.

Comment s’est déroulé le tournage ?

M. K. : Nous avons tourné en trois périodes distinctes afin de disposer du maximum de décors possibles : en été, en hiver et puis au printemps. En fait, j’ai commencé par tourner les séquences qui se situent au milieu du film et se déroulent dans le passé, ce qui nous a permis de réfléchir à l’empreinte visuelle que nous voulions donner au film et a facilité le changement physique des différents personnages qui correspond au passage du temps. Dakota Fanning en a aussi profité pour apprendre le langage des signes. Nous avons enfin pu commencer le montage, ce qui s’est avéré très utile.

De quelle manière êtes-vous parvenu à réunir une telle distribution ?

M. K. : Je savais que je plaçais la barre particulièrement haut. Alors j’ai commencé par envoyer le scénario aux principaux agents d’Hollywood en espérant qu’ils le lisent et reviennent vers moi avec des propositions. Ils ont eu beau me le promettre, pas un n’a pris la peine de le lire. C’est finalement un ami producteur anglais, Nik Powell, qui m’a conseillé de procéder autrement en passant par un bon directeur de casting qu’il m’a présenté : Des Hamilton. Celui-ci a été enthousiasmé par le script et m’a proposé de l’envoyer aux trois ou quatre agences les plus en vue, en me garantissant qu’elles ne tarderaient pas à se manifester auprès de moi. J’avoue que j’étais sceptique, mais elles ont réagi dans les vingt-quatre heures. Elles m’ont même proposé de me représenter et de s’impliquer dans le film et m’ont déclaré qu’elles encourageraient leurs clients à y participer. Je suis donc revenu alors à la liste d’acteurs que j’avais établie, en contactant en premier Guy Pearce que j’ai rencontré à Londres et qui a adoré le scénario et a accepté sans hésiter. J’ai sollicité ensuite une actrice qui se débattait alors avec des problèmes personnels, avant de me tourner vers Dakota Fanning qui s’est avérée merveilleuse.

Brimstone est un film particulièrement audacieux sur le plan moral. N’avez-vous jamais craint d’être censuré ?

M. K. : Ni les agents ni les comédiens n’ont émis la moindre remarque à ce sujet. Seuls les investisseurs s’en sont réellement émus. Paradoxalement, Hollywood produit des films qui manquent tellement d’audace que dès qu’elles en ont l’occasion, les vedettes aiment goûter à des expériences moins conventionnelles que celles qu’on leur propose. C’est notamment cela qui les attire tant dans le cinéma de notre continent. C’est pourquoi nous avons pris la décision de financer ce film indépendant en sollicitant exclusivement des investisseurs européens. Faire appel à des studios hollywoodiens aurait impliqué trop de compromis et de renoncements de notre part, donc un film qui aurait perdu à la fois son identité et sa raison d’être. Je tenais à garder mon droit au final cut et à éviter de travailler dans un tel contexte, et j’en suis redevable à mes producteurs.

L’expérience hollywoodienne de votre compatriote Paul Verhoeven a-t-elle influé sur votre décision ?

M. K. : Indéniablement. Je connais bien Paul que je vénère depuis toujours. Mon entrée à l’école de cinéma, en 1992, a coïncidé avec la sortie de Basic Instinct. C’est à cette époque que je l’ai rencontré pour la première fois avec trois camarades de classe. Il nous a consacré deux heures de son temps. Depuis, nous avons eu l’occasion de nous voir à plusieurs reprises, que ce soit parce que nous employons le même monteur, Job ter Burg, ou parce que Paul a confié le rôle principal de Black Book à Carice van Houten que j’ai contribué à révéler dans Suzy Q, en 1999. Récemment, il m’a même demandé d’écrire la préface d’une biographie qui lui a été consacrée, à l’occasion d’une édition augmentée qui vient d’être publiée aux Pays-Bas. Verhoeven a toujours suscité la controverse et c’est paradoxalement grâce au film qu’il pensait le plus sulfureux, Elle, qu’il est désormais loué de toutes parts. C’est aujourd’hui à moi de susciter la polémique avec Brimstone. À la suite de sa présentation en compétition à Venise, certains critiques américains ont attaqué violemment le film, moins pour des raisons liées à la violence ou au sadisme que parce que j’y évoque le fanatisme religieux, un sujet qui reste vraiment tabou aux États-Unis, à travers le personnage du prédicateur qu’incarne Guy Pearce, même si je ne cherche jamais à justifier ses agissements et sa perversité par des motifs religieux. C’est un cocktail à haut risque qui m’a valu des critiques très sévères.

Qu’en est-il de la sortie du film aux États-Unis ?

M. K. : Elle est prévue, mais restera assez modeste. Pourtant, contrairement à ce que je redoutais, la censure est restée raisonnable. Par ailleurs, mon contrat avait beau prévoir que je disposais du final cut, si le distributeur américain avait exigé des coupes, j’aurais dû m’incliner sous peine que le film ne sorte pas sur ce territoire. C’est pour cette raison que mon nom figure au-dessus du titre, ce qui rendait plus difficile toute manipulation à mon insu. En cas de censure, j’avais prévu de le retirer du générique. Mais non seulement les Américains ont acheté mon film, mais ils n’ont pas exigé la moindre coupe. Quant à la commission de contrôle locale, elle a classé le film « R », c’est-à-dire Restricted, ce qui implique que les mineurs de moins de dix-sept ans doivent être accompagnés par un adulte. Mais le fait est que si l’on regarde attentivement le film, d’un point de vue purement technique, je ne montre pas beaucoup de violence, je la suggère. La censure aurait donc été bien en peine de pratiquer des coupes. On ne peut pas non plus m’accuser de traiter la religion à la légère ou de manière offensante. Dans ce cas, Brimstone aurait écopé de la classification « NC-17 » qui équivaut à une stricte interdiction aux moins de dix-huit ans.

Entre le moment où vous avez tourné le film et sa sortie, l’Amérique est passée de la présidence de Barack Obama à celle de Donald Trump. Comment analysez-vous ce changement radical de contexte ?

M. K. : Lorsque vous évoquez la religion dans un film, vous vous exposez à trouver des réminiscences dans la société actuelle, ne serait-ce que parce que le public va y repérer des échos que vous n’aviez même pas soupçonnés. Ce n’était pas vraiment mon intention, mais tant mieux si ça fonctionne ainsi.

Quels sont les westerns qui vous ont le plus marqué en tant que spectateur ?

M. K. : Si je tenais autant à ce que mon premier film en langue anglaise soit un western, c’est aussi parce que c’est un genre dans lequel je me sens parfaitement à l’aise. Non seulement, j’en ai vu beaucoup, mais j’ai également lu ce qui a été écrit sur ce genre. Paradoxalement, je me serais senti beaucoup moins légitime si j’avais dû tourner un film qui se déroule de nos jours à New York. Je crois que mon western préféré est Il était une fois dans l’Ouest, bien que Sergio Leone porte un regard européen sur le genre. J’ai une prédilection pour les films tournés dans les années 60 et 70, qu’il s’agisse du Grand Silence [1968] de Sergio Corbucci, du très sous-estimé Il était une fois… la révolution [1971] de Leone, de John McCabe [1971] de Robert Altman ou de Pat Garrett et Billy le Kid [1973] de Sam Peckinpah. Il s’agit pour moi d’anti-westerns que je qualifierai de révisionnistes. Je pense que la plupart des réalisateurs rêvent de pouvoir signer un western une fois dans leur carrière, parce que c’est un genre qui permet mieux que d’autres d’exposer sa conception du monde et constitue un exercice de style particulièrement séduisant. C’est aussi l’occasion de s’inscrire dans une tradition, tout en laissant libre cours à sa personnalité, en stylisant les situations sans être abstrait et en demeurant solidement ancré dans la réalité. J’ai même entendu dire récemment que Park Chan-wook allait en tourner un et je sais qu’il s’agit aussi d’un vieux projet de Martin Scorsese.

Image de Brimstone de Martin Koolhoven

Une autre particularité du western est de prendre souvent pour cadre un village ou une petite ville, donc un monde refermé sur lui-même, ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de Brimstone où les lieux sont multiples…

M. K. : Qu’on le veuille ou non, quand on tourne un western, on traite de l’ADN des États-Unis, ce dont on est particulièrement conscient en tant qu’Européen, parce qu’on dispose encore d’un recul supplémentaire. Pourtant, paradoxalement, si Brimstone avait été produit par les Américains, je suis convaincu que j’aurais disposé d’une marge de manœuvre plus étroite parce qu’il m’aurait fallu me soumettre à leurs contraintes et renoncer à certaines de mes idées. Ils sont prêts à gommer tout ce qui peut leur sembler dangereux sur le plan commercial.

Visuellement, Brimstone est un film très pictural. Quelles ont été vos influences dans ce domaine ?

M. K. : Je me rappelle avoir étudié un livre consacré à un peintre calviniste et m’être penché sur l’œuvre de certains artistes danois. Mais, pour être tout à fait honnête, c’est surtout mon chef opérateur, Rogier Stoffers, qui s’est concentré sur cet aspect du film, en étroite collaboration avec mon directeur artistique et mon chef décorateur. Avant d’en discuter avec eux, j’avais toutefois pris soin d’établir une liste de références visuelles et picturales qui dépassait d’ailleurs largement de ces domaines. Les Hollandais entretiennent un rapport très particulier avec la lumière, lequel est sans doute lié à l’atmosphère qui règne dans notre pays et à la lointaine tradition de la peinture flamande. Le ciel y est bas, l’eau y est omniprésente et les reflets incessants.

Quelle est la plus grande difficulté que vous ayez rencontrée au cours de la production du film ?

M. K. : Pour être tout à fait honnête, elle n’est pas d’ordre artistique. En refusant d’être financé par les studios, nous nous sommes retrouvés confrontés à trente-sept investisseurs différents qui pesaient chacun entre dix mille et trois millions et demi d’euros. C’était le prix de ma liberté, mais dès lors, il me fallait jongler en permanence avec cette situation, même si elle concernait en premier lieu mes producteurs. La principale difficulté consistait à faire que le scénario se retrouve à l’écran, avec un financement suffisant et la liberté nécessaire. J’ai toujours cru au script tel qu’il était écrit et je me suis accroché au contrat que j’avais signé. Certaines personnes ont eu beau essayer de me convaincre que le film était trop long, j’ai réussi à tenir bon grâce au soutien indéfectible de mes producteurs. C’est le fait d’assumer mes ambitions qui m’a permis de refuser le moindre compromis, en me battant au jour le jour pour défendre mes idées.

Savez-vous d’ores et déjà quel sera votre prochain film ?

M. K. : Comme souvent, je travaille simultanément sur plusieurs projets sans savoir lequel d’entre eux aboutira en premier. Il faut que je reste prudent, mais le plus avancé est un film noir situé au lendemain de la Seconde Guerre mondiale à Djakarta, en Indonésie. Il y a pas mal de temps que je m’intéresse à cette période et à ce lieu qui était alors une colonie néerlandaise. C’est un sujet très délicat au Pays-Bas, mais qui ne me fait pas peur. J’ai davantage envie de reconstituer cette période à ma façon que de m’appuyer sur des témoignages authentiques. Elle ne constituera en fait que le cadre d’un thriller qui puisera dans certains aspects de cette époque et mettra en scène trois personnages principaux, ce qui me permettra d’alterner leurs points de vue pour raconter cette histoire.

Continuez-vous à recevoir des propositions de la part des Américains ?

M. K. : Oui. J’ai reçu récemment une offre émanant de la BBC, concernant une série tirée d’un roman, et la maison de production de Robert Zemeckis m’a proposé un film d’horreur, inspiré lui aussi d’un livre couvert de prix. Je n’ai pas fermé la porte. Si j’avais reçu le scénario de Drive, par exemple, je l’aurais sûrement accepté. Pour peu que le sujet m’intéresse et que je dispose de la marge de manœuvre suffisante pour le réaliser, je n’ai aucune raison de refuser. Le simple fait qu’on croie que je suis l’homme de la situation suffirait à me motiver… à condition que le sujet me plaise. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, les producteurs choisissent les réalisateurs en se basant avant tout sur le succès de leurs précédents films sur iTunes. C’est ce qui s’est passé quand Winter in Wartime s’est retrouvé dans le Top 20. J’ai été contacté par des gens qui n’avaient même pas pris le temps de regarder le film et se contentaient de son succès. Ça, ça ne m’intéresse pas. n

Propos recueillis par Jean-Philippe Guerand

Réal. : Martin Koolhoven. Scn. : Martin Koolhoven. Dir. Phot. : Rogier Stoffers. Mus. : Tom Holkenborg (Junkie XL). Mont. : Job ter Burg. Déc. : Floris Vos. Cost. : Ellen Lens.
Int. : Guy Pearce, Dakota Fanning, Kit Harington, Carice van Houten, Emilia Jones.
Prod. : Uwe Schott, Els Vandevorst, Violaine Barbaroux, Manuel Chiche, Peter Hiltunen, Antonino Lombardo, Simon Perry et Paul Trijbits, pour N279 Entertainment, Backup Media, FilmWave, Illusion Film & Television, Prime Time, X-Filme Creative Pool et Film i Väst.
Dist. : The Jokers. Durée : 2h25. Sortie France : 22 mars 2017.




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