Mexico 86 de César Díaz
César Diaz, cinéaste guatémaltèque installé en Belgique depuis l’âge de 20 ans, avait fait des débuts admirables en 2019 avec Nuestras madres, chronique fictionnalisée de la recherche des disparus du génocide perpétré par la dictature dans les années 80. La Caméra d’Or avait à Cannes couronné ce travail exceptionnel tant sur le plan politique que cinématographique. Il revient aujourd’hui sur la même période en contant les contradictions d’une militante résolue qui doit choisir entre ses convictions et l’amour qu’elle porte à son fils de 10 ans. Réfugiée au Mexique après l’assassinat de son compagnon, poursuivant la lutte, elle devra choisir entre la discipline et les élans du cœur. Bérénice Bejo (née à Buenos-Aires dans une famille qui quitta l’Argentine pendant la dictature) l’interprète aux côtés de comédiens moins célèbres mais tout aussi convaincants. La tenue de ce deuxième film de Díaz est parfaite de bout en bout, exprimant une vraie leçon de morale et de politique : ce qu’implique le sacrifice de soi quand la cause est juste, ce que suppose d’abnégation la fidélité à ceux qui sont tombés pour cette cause, ce que l’entourage peut comprendre (et risquer) quand l’ennemi est à l’affût.
René Marx
Film franco-belge de César Díaz (2024), avec Bérénice Bejo, Mathéo Labbé, Leonardo Ortizgris, Julieta Egurrola. 1h29.