Critique

Publié le 4 juin, 2025 | par @avscci

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Cloud de Kyoshi Kurosawa

La nouvelle vague du cinéma japonais est peut-être là, mais l’ancienne ne rend pas les armes, ou du moins pas le plus influent d’entre eux. Kyoshi Kurosawa. Loin d’accepter son statut de vénérable ancien, mentor prestigieux et reconnu de Ryusuke Hamaguchi (entre autres) le metteur en scène semble au contraire en profiter pour accélérer le rythme, livrant à un rythme continu des nouvelles œuvres, certaines ratées, d’autre témoignant d’une plénitude enviable. Cloud appartient à la deuxième catégorie, et plonge la tête la première dans une modernité anxiogène, sujet de prédilection de l’auteur depuis des décennies. Le long métrage abandonne la J Horror pour le thriller et même pour ce qui peut s’apparenter à une sorte de fable morale. Soit un spécialiste des ventes internet, recyclant et revendant plus cher à une communauté à la fois dépendante et aigrie de son statut, et dont le ressentiment grandit de manière menaçante. A partir de ce postulat, l’intrigue se déploie tel un récit paranoïaque où, une par une, toutes les connaissances du personnage tombent le masque pour révéler une jalousie et une cupidité les unissant contre lui. C’est une forme de perte globale de l’individualité que décrit Cloud, où tous finissent par se révéler membre d’une communauté qui semble dévorer les spécificités pour unir tous ses membres dans un sentiment (haine, colère) recouvrant tout. L’anti-héros, victime de sa cupidité, finit bien évidemment dans le vrai enfer selon Kurosawa : une absolue solitude, entourée de simulacres et des produits dont toute humanité s’est fatalement retirée.

Pierre-Simon Gutman

Film japonais de Kyoshi Kurosawa (2024), avec Masaki Suda, Kotone Kurakawa, Daiken Okudaira. 2h03.




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