Critique

Publié le 4 juin, 2025 | par @avscci

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Horizonte de César Augusto Acevedo

César Augusto Acevedo, lauréat de la Caméra d’or en 2015 pour son premier long métrage La Tierra y la Sombra, propose un film conceptuel âpre et étouffant sur le conflit qui déchire la Colombie depuis plusieurs dizaines d’années. On y suit le chemin de croix expiatoire de son héros, enrôlé de force par l’un des deux camps lorsqu’il était adolescent, sur la voie d’une forme de repentir. Dans ce voyage mental – qui se déroule dans un territoire évoquant les limbes, et où les paysages reflètent l’intériorité des personnages – il est accompagné par sa mère, qui tente de comprendre, si ce n’est de réparer, le mal fait par et à son fils, à son peuple et à son pays. L’ambition est démesurée, sur le plan intellectuel comme esthétique. À travers ce dispositif souvent austère et écrasant, il ne s’agit en effet pas tant de dénoncer les horreurs de la guerre que de capter ce qu’elle fait aux individus, de manière intime, physique, mentale, intérieure. Comme un spectre qui à la fois hante et dévore tous ceux qui l’approchent ; un cauchemar éveillé qui ne prend jamais fin, y compris dans la mort. Au service de ce requiem à-demi pétrifié, la mise en scène, d’une virtuosité qui coupe le souffle, s’associe à des allégories visuelles fortes pour incarner à l’écran non pas uniquement des faits, mais des émotions et des sensations qui viennent transcender le propos de départ. Ce sont ici les victimes directes et indirectes de toutes les guerres qui défilent sous nos yeux, réclamant silencieusement d’enfin trouver la paix.

Marie-Pauline Mollaret

Film colombien de César Augusto Acevedo (2024), avec Claudio Cataño, Paulina García. 2h05.




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