Publié le 27 avril, 2015 | par @avscci
0Exposition Grand Palais : Lumière ! – Le cinéma inventé
Lumière sur les Lumière
Il est communément admis que la « naissance » du cinéma date du 28 décembre 1895, dans le salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines, à Paris. Parce qu’est à ce moment-là qu’a lieu la première projection publique payante. Ce jour-là il n’y a que trente-trois spectateurs dans la salle. Dont un certain Georges Méliès, magicien de son état, qui sort subjugué, avec la ferme intention d’apporter sa pierre à l’édifice de cet art naissant. On connaît la suite… On a beaucoup opposé par facilité le signataire du Voyage dans la Lune et les frères Lumière, le premier incarnant l’art quand les seconds étaient des représentants de l’industrie. C’est évidemment une ânerie. Certes les Lumière étaient des industriels florissants. Mais cela ne les empêchait en rien d’être des inventeurs de génie et à leurs heures des artistes de talent. On va le voir…
La plupart d’entre nous étions fort jeunes en 1895, ce qui nous a empêché de faire partie des trente-trois spectateurs du 28 décembre. En guise de rattrapage le fameux Salon indien a été refait à l’identique à l’intérieur du Grand Palais, sous l’impulsion des deux co-commissaires de l’exposition, Thierry Frémaux et Jacques Gerber. Il est au cœur de l’exposition qui comporte évidemment bien des attraits. Mis en scène, sans jamais négliger la pédagogie, les divers talents des Lumière apparaissent en pleine lumière. Car Auguste et Louis ne sont pas simplement les inventeurs du cinématographe (ce qui suffirait à les qualifier comme bienfaiteurs de l’humanité). On leur doit d’être les premiers à mettre au point un procédé permettant de projeter des photos à 360°. On admire également leurs photos couleur, les célèbres autochromes, qui sont autant de tableaux impressionnistes de toute beauté (Renoir et Monet sont leurs contemporains). On se pâme devant leur Arrivée d’un train en gare de La Ciotat, projeté en continu dans une allée de l’expo. Il ne s’agit pas du célèbre film de 1895. Mais d’une troisième mouture, toujours signée par les Lumière, datant du milieu des années 30, et tournée en relief ! Le fait mérite d’être souligné, car beaucoup pensent encore qu’il a fallu attendre les fifties pour que commence à fleurir la 3D (avec le sublime Crime était presque parfait, d’Hitchcock). Petit miracle de la technique : il n’est plus aujourd’hui nécessaire de porter des lunettes pour profiter de l’effet de la 3D.
Mais même si les Lumière sont au centre de l’expo, Frémaux (qui est par ailleurs directeur de l’Institut Lumière de Lyon) et Gerber ont veillé à mettre leur environnement immédiat en valeur. En dressant la liste des inventions qui ont mené progressivement au cinématographe : la lanterne magique, le Thaumatrope, le Phénakistiscope, le Zootrope (à qui Coppola a rendu hommage en baptisant sa société de production) ou encore le Praxinoscope. Sans oublier le Fusil à images d’Etienne-Jules Marey. Ou en présentant les travaux de leurs contemporains de génie : Georges Méliès, Charles Pathé, Léon Gaumont…
Nous avons récemment consacré un numéro de l’ASC à Méliès (n°592). Nous devrions inviter d’ici peu les frères Lumière dans nos pages… ■
YVES ALION
Au Grand Palais, Paris 8ème, tous les jours sauf le mardi (du mercredi au samedi de 10h à 22h, le dimanche et lundi de 10h à 20h), jusqu’au 14 juin.