Critiques de films Mon XXème siècle d'Ildiko Enyedi

Publié le 19 mars, 2018 | par @avscci

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Critique – Mon XXème siècle d’Ildiko Enyedi

Un film éblouissant ressort aujourd’hui. Le premier long-métrage (1989) d’une jeune Hongroise qui avait déjà dix ans d’expérience dans le monde du cinéma. L’ouverture montre Thomas Edison, une nuit de 1878, faisant la première démonstration de la lampe à incandescence à Central Park, devant un public bouleversé  par ces illuminations annonçant un avenir merveilleux. Puis apparaissent peu à peu les deux jumelles dont on va nous raconter l’histoire. Séparées par la vie, l’une deviendra une femme entretenue, une cocotte, une sorte de « Madone des sleepings » avant la lettre. L’autre une anarchiste maladroite, poseuse de bombes trop sensible et, comme disait Mac Orlan, « un peu pucelle ». Une seule actrice, blonde et drôle, Dorota Segda, sert avec talent ces deux personnages de femmes, penchées, comme égarées, à la fenêtre du train qui les mène vers le vingtième siècle. Il y a là une succession de surprises visuelles, d’images où la fantaisie et la sensibilité sont au service d’une idée très simple et très compliquée : montrer les alentours de 1900. Les montrer comme le moment de l’espoir sublime de l’électricité et des grands voyages, du féminisme et des arts nouveaux. L’orée d’un bois dont les arbres n’ont pas poussé comme on l’imaginait. Ildiko Enyedi montre le monde innocent qui n’attendait ni Hitler ni Staline. Au-delà de la signification même du film, très passionnante, le film est d’abord un choc visuel, avec un noir et blanc qui semble réinventer le cinéma. Il y a trente ans, la réalisatrice qui venait de recevoir à Cannes la Caméra d’Or pour cette première œuvre, me disait que les spectateurs de la Croisette, ceux de l’École Normale Supérieure et ceux des petits villages hongrois où elle avait été projetée, n’avaient pas réagi différemment. La vraie poésie, la magie, ne sélectionne pas son public.

René Marx

Az én XX. századom. Film hongrois de Ildiko Enyedi (1989), avec Dorota Segda, Oleg Yankvskiy, Paulus Manker, Gábor Máté. 1h42.




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