Critique White building de Kavich Neang

Publié le 27 décembre, 2021 | par @avscci

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White building de Kavich Neang

Le lent plan aérien d’ouverture nous permet de faire connaissance avec le “White building” du titre, un immeuble historique de Phnom Penh construit en 1963 dans le cadre d’un plan de modernisation urbaine. Il s’agissait d’une résidence d’état réservée aux fonctionnaires du ministère de la Culture. Après le régime des Khmers rouges, la population l’a réinvestie, dont le propre père du réalisateur, qui était sculpteur. Devenu vétuste, le bâtiment a fini par être démoli en 2017, pour laisser la place à des constructions plus modernes, et destinées à des classes sociales plus aisées. Le premier long métrage de Kavich Neang prend donc place dans ce lieu historique, au cours des mois qui ont précédé sa démolition. On y suit en parallèle le destin collectif des habitants du “White building” et la trajectoire intime de Samnang, sorte de double du réalisateur, et de sa famille. Avec beaucoup de finesse, le récit entrelace plusieurs thématiques qui se font écho (la gentrification du centre-ville, le poids des traditions, les non-dits au sein de la cellule familiale) et forment un portrait complexe et sensible du Cambodge de cette seconde moitié des années 2010. La construction elliptique, le charisme de ​​Piseth Chhun, le comédien principal dailleurs récompensé au Festival de Venise, et le choix d’une cinématographie élégante et précise achèvent d’en faire une œuvre envoûtante dont la dimension parfois onirique accentue paradoxalement la puissance du témoignage.

Marie-Pauline Mollaret

Film cambodgien de Kavich Neang (2021), avec ​​Piseth Chhun, Sithan Hout, Sokha Uk. 1h30




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