Critique

Publié le 7 mars, 2024 | par @avscci

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Une vie de James Hawes

Il ne faut pas moins deux comédiens pour incarner Nicholas Winton, dont la plupart d’entre nous ne savait rien avant ce film que James Hawes lui consacre. Le premier est Anthony Hopkins, fringant octogénaire à qui le cinéma donne encore des ailes, le second Johnny Flynn. Cinquante ans séparent les deux hommes, le film se déroulant en parallèle dans les années 80 et les années 30. 1938 pour être précis, quand notre homme, courtier dans une banque anglaise, met toute son énergie pour sauver 669 enfants juifs de Tchécoslovaquie en proie à la haine nazie en les exfiltrant dans son pays. Plusieurs convois affrétés avant que les soldats de la Wehrmacht n’entrent à Prague et bloquent le dernier convoi, sans doute persuadés que le monde irait mieux s’ils massacraient ces enfants promis à être accueillis dans des foyers anglais. Le film ne nous surprend pas vraiment quand il alterne les séquences des deux périodes, celles d’avant-guerre et celles se déroulant au soir de la vie de ce Schindler d’outre-Manche (un soir qui va durer encore un peu, il ne s’éteindra qu’à l’âge de 106 ans). Le scénario nous semble solide, la cause inattaquable, l’émotion au rendez-vous. Mais c’est au final assez convenu… Jusqu’à ce que le film nous cueille dans son épilogue. Quand le dévouement de ce Juste exemplaire (et jusque là presque anonyme) soit mis en avant par la télévision, provoquant une réaction de tous ces enfants, désormais sexagénaires qui doivent la vie à Winton. C’est peu dire que ce final nous serre la gorge. Nous mesurons que le destin des hommes tient parfois à peu de choses, et qu’il suffit de quelques-uns pour modifier la face du monde. Nous pensons à Capra et à son fabuleux La vie est belle, qui nous fait comprendre que le tissu social est tressé serré et le personnage de James Stewart à lui seul a modifié (en bien) l’existence de dizaines de ses contemporains…

Yves Alion

One life. Film britannique de James Hawes (2023), avec Anthony Hopkins, Johnny Flynn, Helena Bonham Carter, Lena Olin. 1h49.




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