Critique

Publié le 24 mars, 2022 | par @avscci

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Une mère de Sylvie Audcœur

Aline ne s’est jamais remise de la mort de son fils unique dans une rixe. Alors, le jour où elle croise son meurtrier tout juste sorti de prison, elle entreprend de lui tendre un piège afin de se libérer de la douleur qui l’étreint. Sylvie Audcœur se concentre sur cette femme recluse dans sa douleur et le doute qui va la gagner, face à un jeune homme lui-même en voie de reconstruction. Une mère distille une réflexion sur le doute qui refuse les schémas préétablis. Le film s’appuie pour cela pour une bonne part sur la composition de Karin Viard dans un rôle comme elle en a surtout tenus au début de sa carrière. Sa performance s’inscrit dans la lignée de ces tragédiennes méditerranéennes que furent Anna Magnani, Irène Papas ou Annie Girardot. Le scénario de Sylvie Audcœur apparaît assez vite comme un simple prétexte destiné à mettre en évidence des mécanismes primaires. Venue à la réalisation par l’écriture et le jeu, cette ex-comédienne connaît mieux que quiconque la valeur des mots et laisse très vite la psychologie prendre le pas sur la mécanique dramatique. Sa mise en scène se concentre autour de la confrontation entre ces deux personnages prisonniers du même piège qui ne peuvent se sauver qu’ensemble. Riche idée que d’avoir placé face à Karin Viard un acteur quasiment inconnu, l’excellent Darren Muselet, qui a pour lui un jeu impulsif façonné de réactions épidermiques. C’est en réglant ce pas de deux à la manière d’une mécanique de précision que la réalisatrice donne au propos de son film une portée universelle autour des notions complexes de vengeance et de pardon.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Sylvie Audcœur (2021), avec Karin Viard, Darren Muselet, Samir Guesmi, Farida Ouchani 1h27.




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