Une histoire d’amour d’Alexis Michalik

Tout comme Guitry avant lui, Alexis Michalik a d’abord fait des merveilles au théâtre avant de décider d’adapter lui-même certaine de ses pièces au cinéma. Le premier opus, Edmond, s’est révélé incontournable. La genèse du Cyrano de Rostand et les coulisses de la création constituaient il est vrai un sujet en or. Contemporain et à priori moins marqué par l’imaginaire collectif, Une histoire d’amour n’allait pas bénéficier des mêmes atouts… Et pourtant force est de reconnaître que nous marchons sans rechigner dans cette histoire d’une passion amoureuse entre femmes qui débouche sur un mélo de la meilleure eau, de ceux que Sirk n’aurait pas désavoué. Le charme particulier des mises en scènes théâtrales de Michalik réside dans la fluidité, voire la chorégraphie qui triomphe sur scène. Les comédiens peuvent endosser un autre rôle, entre deux mouvements pour changer les décors, cela ne nous gêne pas, au contraire. Le spectateur ne peut que se faire complice d’une grâce, d’une élégance sans pareils. Au cinéma, la donne est évidemment différente. Pour Une histoire d’amour, le réalisateur n’a pas cherché à aérer sa pièce, mais il n’a pas pour autant confiné ses personnages avec un texte compact à défendre. Une nouvelle fois il a trouvé le bon ton, le bon rythme, servi par des comédiens (et surtout des comédiennes) impeccables, qui étaient déjà ceux de la pièce. Mais si la forme nous enchante, le fond n’est pas non plus transparent, Michalik ayant parfaitement su nous faire humer l’air du temps, jonglant, sans faire perdre de leur naturel aux comédiens, avec les clichés tels que les aime le mélo. Un genre qui a ses détracteurs et qui parfois s’embourbe. Mais Une histoire d’amour est un film aérien…

Yves Alion

Film français d’Alexis Michalik (2023), avec Juliette Delacroix, Marica Soyer, Alexis Michalik. 1h30.