Critique Une femme du monde

Publié le 8 décembre, 2021 | par @avscci

0

Une femme du monde de Cécile Ducrocq

Tout comme Before avait annoncé Les Enfants de Timpelbach (Nicolas Bary), I got a woman Ma femme est une actrice (Yvan Attal), Beautiful Loser Les Héroïques (Maxime Roy) ou Lune froide… Lune froide (Patrick Bouchitey), Une femme du monde a été précédé quelque six ans plus tôt par un remarquable court métrage, La Contre-allée, signé par la même réalisatrice, portant sur le même sujet, avec les mêmes comédiens. Ou plutôt la même comédienne, Laure Calamy, qui s’écarte pour l’occasion de sa zone de confort, la comédie pour incarner une femme pathétique (mais jamais pitoyable), prostituée de son état. L’approche de Cécile Ducrocq nous touche d’emblée, qui ne cherche pas à tirer le film vers le sordide ou la provocation. Mais plutôt à montrer une quarantenaire en situation précaire. Car plus que le sexe, c’est l’argent qui est ici au premier plan, notre héroïne ayant un fils dont elle s’est mise en tête de payer les études (à l’école hôtelière). Et le film de se muer, outre le tableau réaliste (rendant compte de la grisaille du quotidien) qui est fait du monde de l’amour vénal en une quête effrénée de l’argent qu’on n’a pas. Quitte à prendre tous les risques, à franchir la frontière d’une certaine morale. Laure Calamy est d’autant plus formidable dans la peau de cette femme à bout de souffle qu’elle n’a pas l’apparence d’une pin-up de calendrier. Elle apporte une humanité réelle à ce personnage qui ne se présente jamais comme une victime, mais bien comme une travailleuse précaire. Dont le métier, lui aussi, semble plus facile dès lors que l’on abandonne son indépendance pour intégrer une structure (pas toujours bienveillante). Ce qui n’est évidemment pas sans danger. Comme une métaphore de notre monde…

Yves Alion

Film français de Cécile Ducrocq (2020), avec Laure Calamy, Nissim Renard, Béatrice Facquer. 1h35.




Back to Top ↑