Publié le 14 octobre, 2017 | par @avscci
0Un beau soleil intérieur de Claire Denis
Une femme, une artiste, cherche un sens à sa vie et la possibilité de l’amour. Elle a dépassé cinquante ans, elle a pris des coups, vit entre les trop riches et les morts-de-faim, les alcooliques, les mégalomanes, les tyrans, les menteurs et les tristes. Paris est un trou hostile, on y tombe comme dans un piège, pour s’écorcher à toutes les cruautés. Au départ, Claire Denis pensait adapter les Fragments d’un discours amoureux de Roland Barthes. Après diverses péripéties la cinéaste a abandonné cette idée, pour mieux y revenir en réalité. Elle est arrivée finalement, avec sa coscénariste, la romancière Christine Angot, à ce love-road-movie qui par ses sauts poétiques d’un monde à l’autre fait fortement penser à l’un de ses complices en grand cinéma, Jim Jarmusch. Juliette Binoche y est, comme dans un film de Jarmusch, très désespérée et très drôle, très sûre d’elle et très égarée. Elle croise des acteurs fabuleux. Son chemin se conclut provisoirement, à la fin du film, dans le bureau d’un Gérard Depardieu prodigieux, en roue libre, décidé à la tromper honteusement et qui parvient, à l’issue d’un baratin démesuré, à rendre espoir (peut-être) à la femme perdue. Le rythme, l’équilibre est moins rigoureux que dans les films précédents de Claire Denis. Mais ses éclats de beauté, ses moments très forts, effacent ces quelques défauts.
René Marx
Film français de Claire Denis (2017), avec Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Josiane Balasko. 1h 34
Critique en partenariat avec l’ESRA.