Critique Tre piani de Nanni Moretti

Publié le 11 novembre, 2021 | par @avscci

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Tre Piani de Nanni Moretti

Nanni Moretti adapte le roman israélien Trois étages de Eshkol Nevo, dont il situe l’action à Rome. On y suit plusieurs familles du même immeuble bourgeois confrontés à une série d’événements dramatiques qui auront des conséquences sur plusieurs années : un accident causé par un jeune homme ivre, une suspicion d’abus sexuel sur une enfant, une relation père-fils au bord de la rupture… Le moins qu’on puisse dire est que dans cette auberge espagnole des relations conflictuelles, il n’y a pas une famille moins dysfonctionnelle pour rattraper les autres. Les hommes, surtout, cumulent les comportements toxiques, violents, lâches, ou déviants. Les femmes sont censées avoir le beau rôle, mais non sans flirter parfois avec les clichés d’épouses ou de filles aimantes, douces et compréhensives, qui tentent d’arrondir les angles. L’une des rares exceptions est le personnage féminin incarné par Alba Rohrwacher, une jeune mère qui souffre d’être toujours seule, jusqu’à la rupture. Dommage que sa singularité soit diluée dans la tonalité excessivement mélodramatique de l’ensemble, qui empêche toute nuance, toute subtilité dans l’expression des sentiments et des liens familiaux, ou tout simplement humains. Nanni Moretti, que l’on a aimé dans un registre plus caustique et plus fin, propose ainsi un film à l’image de sa propre composition en juge austère et monolithique dépourvu de la moindre empathie. Si bien que son récit ne nous touche jamais. Pire, il ne parvient même pas à nous faire ressentir pourquoi il a ressenti la nécessité d’adapter le roman, ni la mise en scène ni l’écriture ne venant jamais transcender ces histoires croisées dénuées de relief et d’intensité.

Marie-Pauline Mollaret

Film italien de Nanni Moretti (2021) avec Margherita Buy, Riccardo Scarmacio, Alba Rohrwacher, Nanni Moretti, Alessandro Sperduti, Denise Tantucci, Adriano Giannini… 1h59




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