Critique Total Recall de Paul Verhoeven

Publié le 17 septembre, 2020 | par @avscci

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Total Recall de Paul Verhoeven

Depuis que les Cahiers firent de Hawks et Hitchcock des auteurs à part entière, il est commun de voir des films considérés, alors, comme purement populaires, être réédités dans un cadre patrimonial. Que Carlotta ressorte donc Total Recall n’est pas si étonnant, mais demeure un choc. Le blockbuster ultra commercial, volontairement violent, grotesque et vulgaire de 1990 est désormais un classique. Il est en tout cas le témoignage d’un Hollywood totalement disparu. Revoir le film de nos jours permet de mesurer à quel point l’ultra violence gore et assumée de l’œuvre serait totalement inenvisageable, ce que le remake aseptisé sorti il y a quelques années avait assumé, en oubliant que cette violence est également à la base du succès. Total Recall donne en effet au spectateur ce qu’il veut, avec cette provocation amusée dans les effets, dans le grotesque, caractéristique de Paul Verhoeven. Le long métrage dans sa totalité est d’ailleurs un commentaire tout à fait meta de sa propre condition, commentaire crée par le mélange des possibilités narratives. La vraie vie que découvre en effet le héros correspond comme par hasard exactement à sa commande passée à Total Recall, la société chargée de vous faire vivre et voyager. Dès lors, tout le récit plane dans une ambiguïté typique du cinéaste, où chaque action possède son double sens. Assistons-nous à l’épopée d’un héros qui sauve Mars, ou à la suite de fantasmes programmés (aventure, sexe, violence) réclamée par le protagoniste, ainsi que le spectateur ? Pur spectacle d’adrénaline comme on ne peut définitivement  plus en faire, Total Recall s’amuse en portant en lui sa propre critique ironique.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Paul Verhoeven (1990) avec Arnold Schwarzenegger, Sharon Stone, Michael Ironside. 1h53.




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