Critique

Publié le 14 février, 2023 | par @avscci

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Titina de Kajsa Næss

De l’imagination, il en fallait une bonne dose pour raconter l’histoire de la conquête du pôle Nord en 1926 par l’explorateur norvégien Roald Amundsen à bord du dirigeable Norge conçu par l’ingénieur aéronautique italien Umberto Nobile qui l’accompagne avec sa chienne Titina, rescapée des rues de Rome. Le graphisme s’impose par son élégance associée à un rythme plutôt lent qui va à l’encontre de la plupart des films d’animation d’aujourd’hui. Adepte convaincue de la 2D, Kajsa Næss cite d’ailleurs parmi ses références Jacques Tati et Wes Anderson. Le fait est que Titina nourrit d’évidentes connivences avec L’Illusionniste (2010) de Sylvain Chomet, qui adaptait un scénario inédit de l’immortel Monsieur Hulot, et L’Ile aux chiens (2018) à travers la personnalité du terrier qui en est le témoin privilégié. Titina porte un regard singulier sur une aventure humaine et scientifique fantasmée par Georges Méliès dans La Conquête du Pôle (1912), à une époque où une telle expédition relevait encore de la science-fiction. Et si le film s’autorise quelques licences poétiques, sa réussite consiste à évoquer une histoire qui a défrayé la chronique et a été exploitée par Mussolini à des fins politique, alors même que Nobile nourrissait plutôt des idées communistes. La représentation du Duce à l’écran s’avère d’ailleurs irrésistible de mimétisme. C’est tout l’intérêt de cette évocation historique de s’attacher à une histoire oubliée d’un point de vue strictement humain en montrant qu’il n’y a pas de grand homme pour son chien et que la vanité est généralement mauvaise conseillère.

Jean-Philippe Guerand

Film norvégo-belge de Kajsa Næss (2022), avec (voix) Jan Gunnar Røise, Kåre Conradi, Anne Marit Jacobsen 1h31.




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