Critique

Publié le 18 mars, 2024 | par @avscci

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Tiger Stripes de Amanda Nell Eu

Le premier long métrage de la cinéaste malaisienne Amanda Nell Eu prend à bras le corps la question de la puberté et de ses effets concrets, à la fois physiques et psychologiques, ainsi que le changement que cela induit dans les rapports avec son entourage. Son héroïne Zaffan, une adolescente rebelle et pleine de vie, se retrouve en effet mise au ban de son groupe de copines lorsqu’elle a ses premières règles, alors qu’en parallèle, son corps semble littéralement lui échapper. Face à la mutation qui s’opère en elle, la jeune fille se retrouve isolée, en proie à un mélange de rejet, de jalousie et de harcèlement, mais bien décidée à ne pas se laisser définir par sa nouvelle condition. S’inspirant de légendes locales tout autant que de sa propre expérience, la réalisatrice injecte beaucoup d’humour et de fantaisie à son récit, ainsi qu’une dose de cinéma fantastique, voire horrifique, qui lui permet de s’exprimer par métaphores, sans pour autant renoncer à une frontalité assumée. Dynamitant un certain nombre de convenances et jouant avec les références des films d’horreur malaisiens des années 80 (effets spéciaux artisanaux compris), elle propose une fable pop et décalée sur les affres de l’adolescence et le poids qui continue de peser sur les femmes à travers le monde. Son personnage s’offre (et nous offre) ainsi une formidable revanche, en affirmant son droit à être libre et sauvage, en un mot à être elle-même, sans souci des carcans imposés par la société.

Marie-Pauline Mollaret

Film malaisien de Amanda Nell Eu (2023) avec Zafreen Zairizal, Deena Ezral, Piqa, Shaheisy Sam. 1h35.




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