Critique

Publié le 10 mars, 2023 | par @avscci

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The Whale de Darren Aronofsky

Reclus dans son appartement comme une baleine échouée, un obèse prodigue ses conseils à des élèves en télétravail dont il est devenu le gourou invisible. Mais cet homme affable et chaleureux est rongé par un terrible secret : sa fille unique a coupé les ponts avec lui depuis qu’il a quitté sa mère pour un homme et il semble confiné à vie, en raison d’un syndrome d’hyperphagie incontrôlée consécutif à la dépression dans laquelle l’a plongé la mort de son compagnon. Amateur de sujets extrêmes, Darren Aronofsky résiste à l’hégémonie hollywoodienne, en refusant la confidentialité imposée par l’économie même du cinéma indépendant au sens strict. Résultat, une œuvre atypique placée sous le signe de l’exigence et de l’audace. The Whale s’inspire d’une pièce de théâtre à succès de Samuel D. Hunter qui propose un défi contre nature à son interprète principal, Brendan Fraser, longtemps cantonné dans les rôles de héros souriants. L’acteur quinquagénaire pourrait bien amorcer aujourd’hui un virage déterminant avec ce rôle extrême qu’il humanise de sa bienveillance naturelle. Au-delà du tour de force que constitue sa composition déchirante qui envahit littéralement l’écran et que chorégraphie avec délicatesse le chef opérateur Matthew Libatique, le film réussit la prouesse d’humaniser ce personnage pris au piège de son propre corps. Tout l’art du metteur en scène consiste à nous confiner avec son personnage dans une variation singulière autour du fameux “Martyre de l’obèse” d’Henri Béraud (Prix Goncourt il y a un siècle) qui brasse des thèmes universels sans le moindre artifice inutile.

Jean-Philippe Guerand

Film américain de Darren Aronofsky (2022), avec Brendan Fraser, Ty Simpkins, Hong Chau, Sadie Sink, Samantha Morton 1h57.  




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