Critique The lost daughter de Maggie Gyllenhaal

Publié le 3 janvier, 2022 | par @avscci

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The Lost Daughter de Maggie Gyllenhaal

La solitude du voyageur : la thématique a donné de grands films. Mort à Venise (Visconti, 1971), Les Rendez-vous d’Anna (Akerman, 1978), Dans la ville blanche (Tanner, 1983), Nocturne indien (Corneau, 1989) … Chaque fois le spectateur est invité à partager le regard un peu égaré de l’étranger, du déplacé. Et chaque fois le réalisateur évite de donner toutes les clés. L’apparente subjectivité du récit est compensée par les ellipses, les mystères d’une conscience, d’une mémoire. En adaptant pour son premier long métrage le roman de 2006 d’Elena Ferrante, la comédienne américaine Maggie Gyllenhaal demande à deux actrices de partager le même rôle. Olivia Colman est une Leda presque quinquagénaire et Jessie Buckley la même femme quinze ans plus tôt. Sur une plage grecque, Leda observe ses voisins, seule, sauvage. Elle est professeur de littérature, quelque chose la tourmente. Entre les plaisirs du farniente au soleil, les angoisses de menaces bizarres, les rencontres imprécises, les souvenirs que le spectateur comprendra très tard, les petites et les grandes mauvaises actions, le film questionne le féminisme et la liberté, le solipsisme et la communauté, la famille et l’altérité. Le personnage principal se cache derrière ses poses, ses lunettes de soleil, ses mouvements d’humeur. Maggie Gylenhaal nous attire dans une poésie énigmatique, jamais rassurante et, comme son collègue Almodóvar, qu’elle a côtoyé à la Mostra de Venise en septembre 2021, elle fait du rapport mère-fille un problème plutôt qu’un modèle, une question plutôt qu’une explication.

René Marx

Film américano-grec de Maggie Gyllenhaal (2021), avec Olivia Colman, Jessie Buckley, Ed Harris, Peter Sarsgaard, Dakota Johnson. 2h01. Disponible sur Netflix.




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