Critique The Innocents d'Eskil Vogt

Publié le 5 février, 2022 | par @avscci

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The Innocents d’Eskil Vogt

Une longue tradition du cinéma fantastique veut que les enfants soient parfois décrits comme de petits êtres malfaisants animés de très mauvaises intentions que dissimulent leurs visages d’anges. C’est le postulat de The Innocents qui s’inscrit dans la meilleure lignée du genre, en balayant tout angélisme par principe. Ses jeunes protagonistes tiennent à la fois de ceux du Village des damnés (1960) de Wolf Rilla par leurs pouvoirs maléfiques et de ceux des Innocents (1961) inspiré à Jack Clayton par Le Tour d’écrou de l’écrivain américain Henry James. On leur donnerait volontiers le Bon Dieu sans confession, s’ils n’étaient habités d’une force surnaturelle qu’ils emploient à mauvais escient contre les adultes. Derrière ce film inscrit parmi les grands ensembles plutôt anodins d’une cité norvégienne pendant un été ensoleillé, se cache un auteur connu en tant que scénariste attitré de son compatriote Joachim Trier avec qui il a récemment été associé à Julie (en 12 chapitres), sur un tout autre registre, mais aussi auparavant à Thelma (2017) dont la jeune héroïne épileptique était elle aussi en proie à des phénomènes surnaturels. Le deuxième long métrage d’Eskil Vogt est un régal de perversité bien tempérée dont les effets spéciaux d’une poésie rare nous reposent des déluges technologiques hollywoodiens trop souvent utilisés pour colmater des brèches scénaristiques béantes. Rien de cela ici où Vogt se révèle aussi subtil comme auteur qu’habile metteur en scène, notamment par son utilisation angoissante du son qui a d’ailleurs valu au film un trophée européen justifié dans cette catégorie.

Jean-Philippe Guerand

De uskyldige Film norvégo-suédo-dano-britanno-franco-finlandais d’Eskil Vogt (2021), avec Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf. 1h57.




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