Critique The Crossing de Bai Xue

Publié le 12 août, 2020 | par @avscci

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The Crossing de Bai Xue

Le cinéma chinois est décidément multiple. Il y a les productions officielles, souvent spectaculaires et calquées sur le modèle hollywoodien, et les indépendantes, parfois tournées en catimini grâce à des financements étrangers et sans accord préalable de la censure. Passé par Toronto et à la Berlinale, The Crossing se situe de toute évidence plutôt dans cette catégorie en témoignant des aspirations de la jeunesse chinoise tentée elle aussi par les sirènes de la société de consommation qui a annihilé ses velléités de révolte. Originaire de Shenzhen où elle vit avec sa mère, Peipei, 16 ans, lycéenne à Hong Kong, ne rêve que de partir au Japon pour Noël avec sa meilleure amie. Jusqu’au moment où les deux jeunes filles se voient proposer de profiter de leurs allers et retours incessants pour passer illégalement des téléphones portables d’un côté à l’autre de la frontière afin de financer leur voyage. L’entreprise s’avère rapidement fort lucrative… Un sujet audacieux traité avec une grande délicatesse par la réalisatrice Bai Xue dont c’est le premier long métrage. Cette chronique incisive de la jeunesse résonne comme un appel universel à la liberté et souligne les aspirations profondes d’une génération avide de récolter elle aussi les fruits de la mondialisation. Tourné évidemment avant les événements récents qui se sont déroulés à Hong Kong, The Crossing porte en lui les ferments de cette révolte et les espoirs d’une population frontalière qui ne se considère déjà plus comme appartenant à la Chine continentale. C’est à la fois une étude de mœurs passionnante et un témoignage rare et aussi éloquent que bien des films a priori plus engagés.

Jean-Philippe Guerand 

Guo Chun Tian. Film chinois de Bai Xue (2019), avec Hung Yao, Sunny Sun, Carmen Soup 1h39. 




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