Critique

Publié le 13 novembre, 2023 | par @avscci

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Simple comme Sylvain de Monia Chokri

On sait depuis Le Déclin de l’empire américain (1986) de Denys Arcand et ses avatars successifs que le cinéma québécois est à l’écoute des nouveaux désordres amoureux. C’est d’une femme que vient aujourd’hui un nouvel état des lieux, l’actrice-réalisatrice Monia Chokri, qui supervise à sa façon une inversion des rôles pour en observer les effets. Une femme mûre y succombe au charme d’un homme plus jeune dont le physique avantageux contraste avec son manque d’éducation, en creusant un fossé culturel abyssal avec sa maîtresse et susciter les critiques sinon les railleries dévastatrices de son entourage. En prêtant à une bourgeoise une attitude habituellement attribuée aux mâles, sous prétexte qu’il faut que le corps exulte, Monia Chokri souligne que le féminisme n’est pas toujours conciliable avec l’évolution des mœurs, en montrant à quel point certains préjugés ont la peau dure. Simple comme Sylvain propose une alternative radicale aux conventions de la comédie sentimentale en sortant de ce fameux adage selon lequel les amoureux seraient seuls au monde. Avec en guise de corollaire ce retour fugace à l’adolescence que fait vivre à cette quadra campée par Magalie Lépine Blondeau son aventure forcément déraisonnable avec un homme plus jeune qu’elle qu’incarne l’impeccable Pierre-Yves Cardinal. En choisissant de placer son film dans un contexte résolument actuel, Monia Chokri dresse un état des lieux particulièrement pertinent d’un monde confronté à de nouveaux comportements parfois déroutants et inscrit ainsi Simple comme Sylvain dans son époque avec une bonne dose d’humour.

Jean-Philippe Guerand

Film canado-français de Monia Chokri (2023), avec Magalie Lépine Blondeau, Pierre-Yves Cardinal, Francis-William Rhéaume 1h50.




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