Critique

Publié le 11 janvier, 2024 | par @avscci

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Scrapper de Charlotte Regan

Le cinéma anglais avant aujourd’hui à ce point en ordre dispersé qu’il est d’autant plus plaisant d’accueillir des signes de vie encourageants de sa part que ses maîtres sont pour la plupart octogénaires, aussi vaillants soient-ils, de Ken Loach à Stephen Frears en passant par Ridley Scott. Après Charlotte Wells (Aftersun) et Molly Manning Walker (How to Have Sex), qui officie en tant que directrice de la photo de Scrapper, Charlotte Regan évolue elle aussi sur le registre du drame psychologique en confirmant l’émergence d’une nouvelle génération de réalisatrices soucieuses de témoigner du monde qui les entoure. Elle s’y attache à une gamine de 12 ans bourrée d’imagination qui a réussi à cacher la mort de sa mère aux services sociaux et vit depuis son deuil en accumulant les mensonges. Jusqu’au moment où débarque un inconnu qui lui affirme être son père. Commencent alors de lents travaux d’approche entre cet adulte immature et cette préadolescente trop vite montée en graine. Une confrontation ponctuée de scènes insolites et d’événements anodins où la réalisatrice cerne ces deux protagonistes avec une infinie délicatesse. Charlotte Regan exploite à merveille les rapports de cette fausse ingénue dont le film épouse le regard avec son père à l’écran, qu’interprète Harris Dickinson révélé par Ruben Östlund dans Sans filtre, ici nettement plus destroy avec ses cheveux oxygénés et son allure de Bad Boy. Ce film simple et touchant est de ceux qui émeuvent en usant de l’humour et de la fantaisie pour brouiller les pistes. Gageons que sa réalisatrice refera parler d’elle rapidement.

Jean-Philippe Guerand

Film britannique de Charlotte Regan (2023), avec Harris Dickinson, Lola Campbell, Alin Uzun, Cary Crankson, Carys Bowkett, Ambreen Razia 1h24.




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