Critique

Publié le 22 mars, 2023 | par @avscci

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Saules aveugles, Femmes endormies de Pierre Földes

« La magie est là non comme une échappatoire, mais plutôt comme un révélateur » dit Pierre Földes pour cette adaptation de six nouvelles de Haruki Murakami, le plus célèbre des écrivains japonais contemporains. C’est en accord avec Murakami que Földes a réécrit complètement les récits, les déstructurant, les mêlant, pour aboutir à une nouvelle cohérence, sans trahir l’univers de départ. À Tokyo, après le tremblement de terre et le tsunami de 2011, une femme traumatisée quitte subitement son mari, celui-ci quitte la ville pour une mission énigmatique, un de ses collègues, dépressif, trouve chez lui une grenouille de deux mètres de haut, chargée d’éviter une nouvelle catastrophe. Chaque personnage, par le biais de l’imaginaire, est confronté à ses angoisses et aux réponses enfin possibles qu’il pourra leur apporter. L’animation est sobre, la poésie de la simplicité illumine chaque plan, les images sont un enchantement, soutenu par un propos sérieux, ancré dans une anxiété méditative et un humour constant qui emportent le spectateur. Földes a travaillé au départ avec des comédiens (Jean-Pierre Kalfon, Marie-Christine Barrault, Laurent Stocker, Noée Abita, Feodor Atkine), dans un tournage sans éclairage ni décors, pour créer ensuite ses personnages dessinés, leur réalisme fantastique, leur magie quotidienne. Pour son premier long métrage, Földes, depuis déjà longtemps compositeur de musiques de film et réalisateur de courts métrages d’animation mêle la force et la délicatesse. Une réussite.

René Marx

Film d’animation français de Pierre Földes (2022). 1h40.




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