Critique

Publié le 17 février, 2024 | par @avscci

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Sans jamais nous connaître d’Andrew Haigh

Adam, un scénariste solitaire et taciturne, entame une relation amoureuse avec son voisin Harry. En parallèle, il retourne dans la maison de son enfance et y retrouve ses parents, décédés dans un accident de voiture lorsqu’il était enfant. Lorgnant très ouvertement du côté du conte fantastique, qu’il n’hésite pas à faire évoluer en mélodrame flamboyant dont il assume les excès, Andrew Haigh aborde à la fois la question du deuil et celle du poids qu’il fait peser sur l’existence de ceux qui le traversent. Il permet notamment à son personnage d’avoir avec ses parents les conversations importantes qui ont toujours manqué dans sa vie, qu’il s’agisse de révéler le harcèlement dont il était victime à l’école ou de leur annoncer son homosexualité. Ce coming-out décalé, tardif, participe d’un d’état des lieux de ce que cela signifie d’être homosexuel aujourd’hui – par rapport à ce que c’était il y a trente ou quarante ans, que le film prend très ouvertement en charge, documentant en quelque sorte deux époques successives. Avec énormément de subtilité et de tact, mais aussi beaucoup d’humour, le réalisateur accompagne son personnage dans un processus de réconciliation avec son passé qui l’aide à faire la paix avec les autres et avec lui-même. Il propose ainsi un film qui parvient à être à la fois lumineux et bouleversant, fable douce-amère aux accents universels qui dit la solitude ultracontemporaine au milieu des foules, le manque dont on ne se remet jamais, et nos immenses capacités de résilience.

Marie-Pauline Mollaret

All of us strangers, Film britannique d’Andrew Haigh (2023), avec Andrew Scott, Paul Mescal, Jamie Bell, Claire Foy. 1h45.




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