Critique

Publié le 8 septembre, 2022 | par @avscci

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Rodéo de Lola Quivoron

Julia revendique son statut de garçon manqué dans une banlieue sous adrénaline et parvient à intégrer une bande de motards adeptes du cross-bitume, un sport extrême pratiqué dans la clandestinité qui unit des têtes brûlées dans des conditions de sécurité souvent précaires. Pour son premier long métrage, Lola Quivoron a choisi de s’attacher à une communauté marginale qu’unit le goût du risque et une soif d’adrénaline inextinguible. Originaire d’Epinay-sur-Seine et diplômée de la Femis, elle traite son sujet sur un mode résolument naturaliste et ne s’autorise qu’une échappée. Rodéo s’attache à des têtes brûlées qui partagent un goût du risque déraisonnable dans un univers codifié où les filles ne peuvent s’imposer que si elles assument leur différence. C’est un néo-western urbain qui décode des rapports plutôt sommaires dans le cadre d’une périphérie anonyme qui évoque celle filmée naguère par Rebecca Zlotowski dans son premier film, Belle Epine (2010). Avec en toile de fond la place des filles dans ce monde d’une virilité primaire et leur lutte incessante pour trouver leur place parmi une communauté plus machiste que misogyne ou même phallocrate. La réalisatrice trouve en Julie Ledru une interprète idéale et explore à travers son personnage le labyrinthe tortueux des sentiments dans un environnement qui s’en méfie par-dessus tout. Soucieuse de conserver un regard documentaire sur la communauté qu’elle met en scène, Lola Quivoron a adopté le fameux format Cinémascope qui transcendait les grands espaces des westerns classiques. Mission accomplie pour un premier film prometteur.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Lola Quivoron (2022), avec Julie Ledru, Yanis Lafki, Antonia Buresi. 1h45.  




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