Critique

Publié le 28 novembre, 2022 | par @avscci

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Rimini d’Ulrich Seidl

Un crooner allemand vieillissant vit sur la côte italienne où il se produit devant des parterres de retraités. Il lui arrive parfois aussi d’arrondir ses fins de mois difficiles en accordant ses faveurs à des vieilles dames indignes. Jusqu’au moment où débarque dans le paysage une jeune femme qui lui affirme être le fruit de ses entrailles… Le cinéaste autrichien Ulrich Seidl nous a habitué à sa vision désabusée du monde à travers des films aussi magistraux qu’Import/Export (2007) et sa trilogie Paradis (2012-2013) où il était déjà question de retraités savourant des plaisirs interdits. Rimini ne porte guère sur le monde un regard plus charitable. Seidl filme cette station balnéaire immortalisée par Fellini et Pasolini sous son jour le moins glorieux, de préférence sous la pluie ou sous la neige. Il ne se fait aucune illusion sur ses contemporains et l’assume sur un registre parfois sardonique. Quitte à choisir dans Rimini un gigolo narcissique enivré par sa gloire toute relative. Rimini est dès lors un constat amer qui doit beaucoup à la personnalité singulière de son interprète principal, Michael Thomas, colosse aux pieds d’argile qui se complaît dans le culte dérisoire dont il fait l’objet. La cruauté coutumière de Seidl s’exerce cette fois dans le cadre d’une station balnéaire filmée sous son jour le plus glauque où viennent échouer des cars de touristes au rabais. Avec ici un soupçon de magnanimité en prime, mais toujours la même vision sordide d’un monde occidental qui se complaît dans des turpitudes mesquines et minables afin de pouvoir survivre à sa grandeur passée.

Jean-Philippe Guerand

Film austro-germano-français d’Ulrich Seidl (2022), avec Michael Thomas, Tessa Göttlicher, Hans-Michael Rehberg. 1h56.




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