Critique

Publié le 24 novembre, 2023 | par @avscci

0

Rien à perdre de Delphine Deloget

Il n’y rien à redire : la veine sociétale du cinéma français reste productive, qui nous offre régulièrement de beaux films. Rien à perdre en fait manifestement partie. L’histoire est celle d’une femme dont les services sociaux placent le fils cadet en foyer, sous prétexte qu’elle n’en a pas pris soin avec une attention suffisante. C’‘est évidemment déchirant et nous sommes de tout cœur avec la mater dolorosa, comme si les images du Kid de Chaplin nous hantaient pour toujours. Mais c’est toute l’intelligence du film que de nous amener peu à peu à nous interroger jusqu’à nous rendre incapables de trancher dans le bras de fer entre la mère flouée et l’administration. Parce que si la première est loin d’être inapte à s’occuper des siens, elle souffre quand même d’un certain désordre psychologique et social, parce que les agents de l’Etat savent malgré tout faire preuve d’une certaine compassion. Mais la machine reste implacable, qui brise les meilleures intentions, un peu comme le très beau (et assez similaire quant à son thème Ladybird de Ken Loach). C’est tout le pathétique du film, qui nous tient en haleine que de voir cette femme s’enfoncer au fur et à mesure qu’elle se débat pour récupérer son gamin. Comme dans des sables mouvants, dont on sait qu’il est déconseillé de s’agiter si l’on veut s’en extraire… C’est Virginie Efira qui joue les mères-courage, ajoutant un épisode supplémentaire à la déjà très fournie carrière. Elle y est vibrante (à l’instar des deux comédiens qui jouent ses fils, soit dit en passant), parvenant à jouer un personnage populaire, instinctif, à fleur de peau avec une maestria qui laisse admiratif.

Yves Alion

Film français de Delphine Deloget (2023), avec Virginie Efira, Félix Lefebvre, Arieh Worthalter. 1h52.




Back to Top ↑