Critique

Publié le 8 septembre, 2022 | par @avscci

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Revoir Paris d’Alice Winocour

Rescapée des attentats terroristes de novembre 2015, Mia peine à se remettre de ce traumatisme. Jusqu’au jour où elle se résout à revenir sur les lieux du crime, cette brasserie où elle a échappé miraculeusement au carnage, mais dont la sépare un long trou de mémoire. C’est pour combler ce vide qu’elle se met en relation avec les survivants du massacre. Des éclopés de la vie en quête d’un repos illusoire. Comment se reconstruire après un traumatisme d’une telle sauvagerie ? Telle est la question à laquelle tente de répondre Alice Winocour dans Revoir Paris. Sur un tout autre registre que Novembre de Cédric Jimenez, elle s’empare d’une tragédie collective pour la ramener à une échelle humaine. Mikhaël Hers avait déjà abordé cette problématique en filigrane d’Amanda (2018). La réalisatrice de Proxima (2019), épaulée par la scénariste Marcia Romano et le documentariste suisse Jean-Stéphane Bron, cisèle avec un tact infini une étude de mœurs subtile qui s’attache en fait à un retour à la vie en forme de rédemption, à travers le combat douloureux que livre une rescapée pour rassembler les éclats brisés de sa mémoire. Un rôle écrasant que Virginie Efira interprète sans pathos ni éclats. Simplement avec un sourire voilé qui s’avère lourd de non-dits. Avec ce rôle d’une infinie complexité, la comédienne franchit un nouveau cap déterminant dans sa carrière et se positionne d’ores et déjà comme une sérieuse postulante au prochain César de la meilleure actrice. Entre douleur et douceur.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Alice Winocour, avec Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin. 1h45.  




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