Critique

Publié le 11 janvier, 2024 | par @avscci

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Priscilla de Sofia Coppola

Icône du rock’n’roll propice à tous les fantasmes, Elvis Presley a souvent été évoqué au cinéma où il a par ailleurs tenu une trentaine de rôles. Au point que le phénomène en est arrivé à éclipser cet homme mort à 42 ans qui a par ailleurs vécu une sorte de conte de fées sur le plan sentimental. C’est à cette idylle qu’a choisi de s’attacher Sofia Coppola en s’inspirant des mémoires de Priscilla Beaulieu, que le chanteur déjà célèbre a rencontrée pendant qu’il remplissait ses obligations militaires en Allemagne en 1959 et que cette fille de militaire n’était encore que collégienne. En adoptant le point de vue de cette jeune fille américaine issue d’un milieu traditionnel et façonnée pour devenir une parfaite femme au foyer, la réalisatrice de Lost in Translation aborde une fois de plus l’un de ses sujets de prédilection : la condition féminine, dans le contexte de l’American way of life. Un parti pris assumé qui passe par un changement d’angle et de focale en évitant la facilité consistant à s’appuyer sur la musique de Presley et à nourrir le culte, à l’instar du récent Elvis de Baz Luhrmann. Le tableau de mœurs que brosse Sofia Coppola cultive une mélancolie qui reflète l’état d’esprit de cette adolescente condamnée à ne jamais s’attacher par les déménagements incessants de sa famille. C’est cette soumission sociale qui intéresse la réalisatrice et l’incite à ne jamais héroïser Priscilla, ce qui rend particulièrement remarquable la performance de son interprète jusqu’alors inconnue, Cailee Spaeny, couronnée de la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la Mostra de Venise.

J.-P. G.

Film américano-italien de Sofia Coppola (2023), avec Cailee Spaeny, Jacob Elordi, Dagmara Dominczyk, Tim Post 1h53.




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