Critique

Publié le 24 février, 2023 | par @avscci

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Petites de Julie Lerat-Gersant

Enceinte à l’âge de 16 ans, Camille est placée dans un centre maternel par décision de justice. Séparée de sa mère dont l’influence est jugée comme toxique, elle noue des relations avec une jeune mère irresponsable et entretient des relations pour le moins houleuses avec l’autorité de tutelle… Pour son premier long métrage, Julie Lerat-Gersant a choisi de s’attaquer à un sujet de société qui aurait sans doute donné lieu naguère à un mélo pour traiter du poids de la maternité, en s’appuyant sur plusieurs cas. Ce film impressionniste préfère s’en remettre à des interprètes très impliquées dans leurs rôles à haute tension. Le scénario démultiplie les situations pour esquisser un portrait de groupe à la fois attachant et déconcertant par sa façon radicale de confronter la maternité à la maturité. Petites ne dérape jamais dans le pathos et le doit à la personnalité de ses interprètes en tête desquels Pili Groyne et Lucie Charles-Alfred qui excellent sur un registre délicat, puisque leur condition de gamines s’oppose radicalement à des responsabilités qui les dépassent au point parfois de les nier. Face à ces êtres en mal de repères, le rôle ingrat de l’éducatrice est interprété par une Romane Bohringer dont on se souvient qu’elle a elle-même pratiqué ces emplois à ses débuts, ce qui confère à son personnage un indéniable surcroît d’authenticité. La mise en scène immersive renforce cette impression en renvoyant à trois cinéastes anglo-saxons dont se réclame Julie Lerat-Gersant : John Cassavetes, Ken Loach et Andrea Arnold, en perpétuant une fatalité frappée du sceau de la malédiction.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Julie Lerat-Gersant (2022), avec Pili Groyne, Romane Bohringer, Victoire du Bois. 1h30. 




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