Publié le 2 février, 2022 | par @avscci
0Petite Solange d’Axelle Ropert
Les parents de Solange ne s’entendent plus et envisagent le divorce. L’adolescente, très affectée, voit son monde s’effondrer sans pouvoir réagir. La simplicité assumée de l’enjeu central de Petite Solange permet à Axelle Ropert de dépeindre avec bienveillance et nuance les émois de sa jeune héroïne aux prises avec un événement dont l’extrême banalité apparente n’empêche pas la cruauté. A sa hauteur, on pourrait même dire à ses côtés, on vit les différents actes du drame ténu qui se joue et leurs répercussions profondes. Tenant la ligne d’un minimalisme délicat, la réalisatrice refuse de mettre en scène frontalement les conflits parentaux et leur inévitable violence verbale pour se concentrer sur les sensations et les émotions de son personnage. De la même manière, elle évite les aspects lacrymaux attendus tout en ne minimisant jamais l’intensité de ce que traverse l’adolescente. Il y a ainsi quelque chose d’à la fois très tendre et très noir dans le parcours de cette jeune fille, idéaliste et sentimentale, qui grandit d’un coup en faisant l’expérience brutale de la réalité.
Autour d’elle, les adultes ne sont ni “bons”, ni « mauvais », tout simplement si englués dans leurs propres problèmes qu’ils sont incapables de déceler sa détresse profonde. Axelle Ropert ne signe donc pas un film à charge (contre qui, d’ailleurs ?) mais révèle par petites touches, dans une narration en demi-teinte qui convoque à la fois la finesse de l’écriture et l’intelligence de la mise en scène, des émotions souvent tues ou négligées, qui n’en sont pas pour autant insignifiantes.
Marie-Pauline Mollaret
Film français d’Axelle Ropert (2021), avec Jade Springer, Léa Drucker, Philippe Katherine. 1h25