Critique Petite soeur de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat

Publié le 3 octobre, 2021 | par @avscci

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Petite soeur de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat

Dramaturge allemande, Lisa a renoncé à ses ambitions professionnelles pour suivre son mari en Suisse où il dirige une école internationale. Alors quand elle apprend que son frère jumeau est atteint d’une maladie incurable, elle retourne à Berlin pour se battre à ses côtés et le faire monter une dernière fois sur scène, quitte à se confronter elle-même à l’appel irrésistible de ce spectacle vivant auquel ils s’étaient promis de consacrer leur existence. Les réalisatrices Véronique Reymond et Stéphanie Chuat signent avec cette marche funèbre un magnifique hommage au théâtre porté par deux acteurs au sommet de leur art : Nina Hoss, l’égérie de Christian Petzold, et Lars Eidinger, l’un des interprètes fétiches du metteur en scène berlinois de la Schaubühne, Thomas Ostermeier, lequel apparaît également dans le film. Petite Sœur est un film qui réussit à nous toucher sans jamais nous apitoyer, en jouant avec finesse et subtilité sur la corde sensible et trop de non-dits et de frustrations accumulés par deux êtres qui ont grandi ensemble avant d’être séparés par les aléas de la vie. La direction d’acteurs va de pair avec une rigueur et un dépouillement tout entier au service des émotions. Le fait que le film soit réalisé en tandem constitue en outre un atout déterminant lorsqu’il s’agit pour les deux réalisatrices d’exprimer ce lien mystérieux qui unit les jumeaux. Elles sacrifient pour cela les cris aux chuchotements en déployant une mise en scène élégante mais jamais ostentatoire qui relève parfois de la chorégraphie par sa façon de s’attarder sur les corps en mouvement et les visages en proie aux sentiments.

Jean-Philippe Guerand

Schwesterlein. Film suisse de Véronique Reymond et Stéphanie Chuat (2020), avec Nina Hoss, Lars Eidinger, Marthe Keller. 1h39.




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