Critique

Publié le 26 mars, 2024 | par @avscci

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Paternel de Ronan Trochot

Dans une France qui revendique sa laïcité, mais le paie parfois au prix fort, l’Église fait encore partie de ces citadelles préservées, sinon quand il s’agit de témoigner de ses turpitudes une fois qu’elles ont fait la une des médias, comme François Ozon dans Grâce à Dieu (2018). Rares sont en revanche les films à s’être vraiment intéressés au mariage des prêtres et à leurs enfants cachés. C’est pourtant la thématique qu’a choisi d’aborder Ronan Trochot dans son premier long métrage, Paternel, sur un scénario qui joue la carte de la simplicité. Un prêtre voit un jour débarquer dans sa vie une femme avec qui il a entretenu une liaison avant d’être ordonné. Elle souhaite aujourd’hui que son petit garçon qu’elle a du mal à élever seule sache qui est son père… Paternel ne se dérobe devant aucune des responsabilités qu’implique son sujet, même si celui-ci pourra paraître anecdotique dans la tourmente d’un troisième millénaire secoué par l’émergence du mouvement #MeToo et bouleversé par les effets de la dysphorie de genre. Ronan Trochot s’attache à un homme intègre et lui assigne pour interprète un acteur qui fait toute la différence : le toujours impeccable Grégory Gadebois qui préfère aux effets de manche une approche intime de son personnage. Le réalisateur s’intéresse avant tout à l’humanité de ses protagonistes confrontés à une situation qu’ils n’ont d’autre choix que d’assumer. Comme le souligne son titre polysémique, le film traite avant tout de la paternité et de la façon dont elle s’épanouit au cœur de ce combat éternel entre l’inné et l’acquis qui lui sert de toile de fond.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Ronan Trochot (2023), avec Grégory Gadebois, Géraldine Nakache, Lyes Salem, Anton Alluin 1h32.




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