Critique

Publié le 26 mars, 2024 | par @avscci

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Pas de vagues de Teddy Lussi-Modeste

En ces temps de grande suspicion à l’égard de ce qui détermine les rapports entre les hommes et les femmes, et où les divergences de ressentis sur les mêmes faits avérés constituent un poison, c’est peu dire que Pas de vagues tombe à pic, même si rien n’indique que son auteur ait eu le désir d’apporter son écot au débat actuel. Mais cette histoire d’un professeur dont la parole a été interprétée à son désavantage par une élève hypersensible est exemplaire pour décrire une société dont les nerfs sont à vif. La description que Teddy Lussi-Modeste fait du monde enseignant est criante de vérité. Il faut dire que lui-même appartenait encore il y a peu au monde enseignant et que la profonde meurtrissure de son personnage principal est évidemment la sienne. Il ne fait pas porter pour autant tout le fardeau de l’incompréhension à l’élève, dont nous épousons également le malaise. La formule de Renoir : « Tout le monde a ses raisons » a été rebattue tant et si bien que l’on ne la ressert plus qu’avec des pincettes. Elle illustre pourtant parfaitement le propos de ce film qui ne ressemble que de très loin aux autres explorant le monde scolaire, aussi justes et talentueux soient-ils. Il n’est pas interdit de penser (même si cela n’est pas un objectif premier des signataires du film) que Pas de vagues (le mantra d’une administration dont le seul souci est d’avoir à régler d’éventuels problèmes qui dérangeraient sa quiétude) signale également en creux comme la déroute d’une certaine générosité sociale qui ne serait plus en phase avec une société devenue beaucoup plus dure. Passionnant…

Yves Alion

Film français de Teddy Lussi-Modeste (2024), avec François Civil, Toscane Duquesne, Shain Boumedine. 1h32.




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