Publié le 19 mai, 2021 | par @avscci
0On-Gaku : Notre rock ! de Kenji Iwaisawa
Adapté du manga éponyme autoédité par Hiroyuki Ohashi, On-Gaku : Notre rock raconte avec humour et légèreté le parcours de trois lycéens considérés comme des marginaux qui fondent un groupe de rock sans avoir la moindre connaissance en musique. Réalisé en dehors des circuits traditionnels, le film porte la marque des productions indépendantes, à savoir une esthétique simple et une animation relativement statique. Le réalisateur Kenji Iwaisawa, dont c’est le premier long métrage, a en effet travaillé presque seul dans une économie réduite, ce dont il fait un atout indéniable, sa liberté de ton compensant (largement) le manque de moyens. Évacuant tous les poncifs du teen movie, il s’amuse avec ses personnages d’adolescents apathiques et inexpressifs qui se lancent à corps perdu dans la musique, au point d’en perdre le goût de se battre contre leur bande rivale. Là où une majorité de films d’animation joue la carte de la frénésie, On-Gaku s’appuie au contraire sur de nombreux plans complètement fixes qui sont comme autant d’arrêts sur image dans le récit, donnant l’impression que les personnages réfléchissent longuement avant de parler ou de se mettre en mouvement. Cette construction saccadée crée un rythme syncopé tout d’abord déconcertant, puis peu à peu enthousiasmant, tant il accompagne avec justesse cette chronique flegmatique presque dépourvue de péripéties. Il y a bien sûr beaucoup de dérision et de tendresse dans ce portrait adolescent attachant, mais aussi en filigrane l’idée de dénoncer les préjugés ou de ridiculiser une certaine forme de culture virile. Mieux encore, le film s’avère une incroyable déclaration d’amour à la musique en général et à l’énergie collective que génère le “live” en particulier. Tout comme Kenji et sa bande convoquent sans même le savoir « l’instinct primitif du rock”, le réalisateur propose un geste de cinéma brut, parfois imparfait, mais totalement sincère.
Marie-Pauline Mollaret
Film d’animation japonais de Kenji Iwaisawa (2020), avec les voix de Tomoya Maeno, Kami Hiraiwa, Naoto Takenaka. 1h11.