Critique

Publié le 12 janvier, 2023 | par @avscci

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L’Immensità d’Emanuele Crialese

Crialese réalise son film plus personnel, après avoir attiré l’attention par de grandes réussites. Né à Rome en 1965, étudiant aux États-Unis, il réalise Once We Were Strangers (1997) à New York, puis une « trilogie sicilienne », Respiro (2002), primé à la Semaine de la Critique à Cannes, Golden Door (2006) et Terraferma (2011), primés à Venise. Dans tous ces films, la question de l’identité se pose, que ce soit l’identité géographique ou la place dans le tissu social, ainsi que les dysfonctionnements familiaux. Crialese revient maintenant sur son enfance, sa préadolescence exactement. Dans les années 70, il était une très jeune fille qui ne se satisfaisait pas de son identité « officielle », expliquait à ses parents qu’ils avaient fait une erreur, que peut-être des aliens l’avaient fait venir sur cette planète. Une mère extravertie, joyeuse et frustrée elle aussi par le rôle qu’on lui demandait de jouer, un père conformiste incapable d’entendre ces discours, un environnement qu’il lui fallait habituer, avec une énergie immense, à ce qui était sa vérité. Crialese fait le portrait d’une famille, le portrait d’une naissance à soi-même et ne nous présente que cette période de sa vie où il s’est affirmé en tant que garçon. Mais comme il le dit lui-même, L’Immensità ne se limite pas à la question de l’identité de genre. C’est aussi la peinture d’un temps où un film, aujourd’hui peut-être oublié, Love Story, déclenchait les passions, un temps où en Italie on entendait chanter Raffaella Carrà et Patty Pravo. Ce beau récit est servi par trois interprètes également remarquables, une star internationale, un comédien italien fidèle à Crialese et une jeune actrice de grand talent.

René Marx.

Film italien d’Emanuele Crialese (2022), avec Pénélope Cruz, Luana Giuliani, Vincenzo Amato. 1h34. 




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