Critique

Publié le 10 mars, 2023 | par @avscci

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Mon crime de François Ozon

Louis Verneuil est un très prolifique auteur de pièces (de boulevard) qui a fait les beaux jours du théâtre français de 1910 à 1955. Il a été adapté (de son vivant) une bonne quinzaine de fois au cinéma. François Ozon fait donc un peu œuvre d’archéologue en le remettant au goût du jour. Mais il faut dire que le cinéaste place son film dans la veine de 8 Femmes et de Potiche (qui ont également triomphé sur les planches) et qu’il faut prendre les choses au second degré (minimum). Mon crime se situe dans la France d’entre-deux guerres, une France bourgeoise, coincée et hypocrite. Et violemment patriarcale. Du pain bénit pour les auteurs qui se régalent à dénoncer le machisme ordinaire, les faux-semblants d’un monde qui tous sourires dehors se vautre dans les pires turpitudes. Et incidemment le courage des deux héroïnes, deux copines qui se retrouvent à ferrailler de concert lors d’un procès d’anthologie, la première étant accusée de meurtre, la seconde étant son avocate. Il est clair que c’est par le biais du passé que nous sommes invités à regarder le présent. Pour éventuellement en conclure que le monde a fait des progrès. Mais si Ozon s’amuse à jongler avec les clichés et le politiquement correct, il semble que le film met en lumière (de façon sans doute moins ostensible) son goût de la dramaturgie, de ces récits plus grands que nature où chacun joue un rôle. A commencer par les comédiens eux-mêmes bien sûr, chacun s’en donnant à cœur joie. Les Luchini, Prévost et Dussolier sont évidemment impeccables. Et Huppert est Huppert, pas besoin d’en rajouter. Mais les deux petites nouvelles, Nadia Tereszkiewicz et Rebecca Marder ne déméritent en rien, ce sont les grandes de demain… Jubilatoire.

Yves Alion

Film français de François Ozon (2023), avec Nadia Tereszkiewicz, Rebecca Marder, Isabelle Huppert, Fabrice Luchini, André Dussolier, Daniel Prévost. 1h42.




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