Critique Affiche Les moissons du ciel de Terrence Malick

Publié le 20 mai, 2017 | par @avscci

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Les moissons du ciel de Terrence Malick

Etrange itinéraire que celui de Terrence Malick… Son premier long, La Balade sauvage date de 1973. Il lui a donc fallu cinq ans pour peaufiner son chef d’œuvre, ces Moissons du ciel, de nouveau à l’honneur dans les salles cette semaine (et qui mérite mille fois d’être revu pour les uns, ou découvert pour les autres, sans doute les plus nombreux). Puis le cinéaste disparaît des radars de la cinéphilie pendant… vingt ans. Avant de signer sept films dans les années 2010. A son échelle, comme une frénésie ! Dont The Tree of Life, Palme d’or peu consensuelle (mais dont on n’a pas fini de parler) à Cannes en 2011. Mais Revenons à ces Moissons du ciel… L’action se déroule en 1916, et met en scène un ouvrier de Chicago, sa sœur et sa fiancée, alors qu’ils quittent la métropole pour les champs du Texas. Tout un jeu subtil de séduction dès lors se met en place entre le propriétaire terrien, atteint d’un mal incurable et la jeune fiancée, que son compagnon présente comme étant sa sœur… Mais Malick ne s’intéresse que médiocrement à la psychologie. Et il ne cherche pas davantage à mettre en avant les bouleversements socio-économiques d’une Amérique en pleine mutation. Toute sa passion est visiblement centrée sur la nature, sa grandeur, sa beauté, ses pièges. Avec le recul du temps, en connaissant ses œuvres postérieures, on se dit que le cinéaste était déjà dans un trip très métaphysique, observant l’homme dans son milieu, comme un entomologiste sans affect particulier. Mais avec un talent rare à mettre en scène le monde tel qu’il le conçoit. Sa mise en scène, l’utilisation de la musique, la photo d’Almendros, sa science du cadrage, tout concourt à faire de ce film une œuvre comme on en voit peu. Nous sommes entrainés dans un tourbillon superbe qui laisse longtemps nos émotions à fleur de peau. Une belle occasion de comprendre que si beaucoup font des films, seuls certains cinéastes de grand talent savent faire du cinéma.

Yves Alion

Days of Heaven. Film américain de Terrence Malick (1978), avec Richard Gere, Brooke Adams, Linda Manz. 1h 35.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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