Publié le 15 juillet, 2017 | par @avscci
0Moi, moche et méchant 3 de Pierre Coffin, Kyle Balda et Éric Guillon
Un succès planétaire se solde désormais obligatoirement par l’établissement d’une franchise. Le cas de Moi, moche et méchant est d’autant plus exemplaire qu’il a non seulement engendré une suite, encore plus populaire, mais aussi un spin-off tout aussi lucratif, Les Minions, lui-même condamné au succès et appelé à engendrer ses propres déclinaisons. Résultat, Moi, moche et méchant 3 marque une rupture par rapport aux deux opus précédents en réduisant à la portion congrue les irrésistibles créatures jaunes, condamnées à une modeste figuration. Et c’est là où le bât blesse, les scénaristes ayant compensé cette pénurie brutale en inventant un frère jumeau à Gru, promu justicier. Dès lors, le film se développe dans le cadre d’un schéma narratif conventionnel où les blagues de sales gosses deviennent accessoires et où un misanthrope au cœur d’artichaut se voit promu au rang de super-héros, pour faire bonne figure par rapport aux succès les plus éclatants du box-office hollywoodien d’aujourd’hui. Le revers de la médaille, c’est que cette course effrénée se dispute au détriment de l’identité même du concept fondateur de Moi, moche et méchant qui a valu plus de trois millions de spectateurs français à l’opus un en 2010, puis plus de quatre millions et demi au suivant, trois ans plus tard. Comme s’il était nécessaire de changer d’identité pour plaire à tout le monde. Or, c’était justement pour son sale caractère, ses vilains défauts et son armada de Minions que Gru nous plaisait tant.
Jean-Philippe Guerand
Despicable Me 3. Film américain de Pierre Coffin, Kyle Balda et Éric Guillon (2017), avec les voix de Steve Carell/Gad Elmaleh, Kristen Wiig/Audrey Lamy. 1h 40.
Critique en partenariat avec l’ESRA.