Critique Milla de Shannon Murphy

Publié le 3 août, 2021 | par @avscci

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Milla de Shannon Murphy

Atteinte d’un cancer qui la condamne à court terme, Milla se trouve confrontée aux désirs inhérents à l’adolescence, lorsqu’elle se sent attirée par un toxicomane plus âgé qu’elle qui ne cadre pas du tout avec l’idéal masculin tel que se le représentent ses parents, par ailleurs inquiets de voir leur fille leur échapper avant de disparaître. Inspiré d’une pièce de théâtre, le premier film de la réalisatrice australienne Shannon Murphy aborde ce sujet grave sans sombrer dans le pathos, à l’instar de son personnage principal qui n’est jamais présenté comme une victime. La mise en scène se concentre autour de cette jeune fille à l’âge des possibles qui refuse de se résoudre à la fatalité. L’audace du film réside quant à elle dans le croisement de ces deux thématiques a priori peu compatibles. Comme si le fait que Milla soit condamnée lui interdisait de se comporter comme une fille de son âge et de vouloir goûter au maximum du temps qui lui reste, transgression comprise. Un personnage complexe indissociable de son interprète, la prodigieuse Eliza Scanlen révélée par la série Sharp Objects. L’urgence qui la guide justifie les excès de son comportement en catalysant sa colère. Sa révolte même est décrite comme un appel au secours, qu’elle l’exprime en se rasant le crâne ou en multipliant les provocations. Confrontée à une existence en pointillés, elle veut vivre vite et connaître des émotions extrêmes pour avoir le sentiment d’en avoir profité au maximum en laissant à ses proches des souvenirs marquants. C’est aussi l’impression que nous laisse ce très beau portrait de femme.

Jean-Philippe Guerand

Babyteeth. Film australien de Shannon Murphy (2019), avec Eliza Scanlen, Toby Wallace, Essie Davis, Ben Mendelsohn. 1h58.




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