Mars Express de Jérémie Périn

Ambitieux long métrage d’animation futuriste porté par le créateur de la série Lastman, Mars Express s’inscrit dans une veine assez classique de la science-fiction, celle liée aux progrès de la robotique et du transhumanisme, couplée aux ressorts dramaturgiques du film noir. Nous voilà donc plongés dans une enquête trépidante aux côtés d’une détective privée, humaine mais alcoolique, et d’un androïde d’ancienne génération portant les souvenirs et la personnalité de son ancien coéquipier. L’enjeu ? Remonter une filière ayant “libéré” un robot des lois toutes-puissantes qui le contraignent. Si l’on sent le scénario et la réalisation parfois forcés par la volonté de rester sur une ligne accessible au plus grand nombre (notamment dans son rythme précipité qui ne prend pas suffisamment le temps d’installer le contexte social et politique du récit), on ne peut que saluer l’appétit de cinéma que porte ce polar nerveux qui lorgne tout à la fois du côté de Blade Runner, de Robocop et de Ghost in the Shell. Jérémie Périn parvient assez habilement à concilier la nécessité d’en mettre plein la vue, à grands renforts de morceaux de bravoure, et un désir plus diffus d’interroger en filigrane l’avenir de l’humanité. Cette dualité, même si elle n’est pas entièrement prise en charge par le scénario, crée une tension assez réussie, qui mène à un changement de perspective final radical, et plutôt captivant, inscrivant le film dans une longue lignée d’œuvres de SF crépusculaires.

M.-P. M.

Film d’animation français de Jérémie Périn (2023) avec les voix Léa Drucker, Daniel Njo Lobé, Mathieu Amalric. 1h20.