Critique Louloute d'Hubert Viel

Publié le 23 août, 2021 | par @avscci

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Louloute d’Hubert Viel

Troisième long métrage d’un cinéaste encore relativement confidentiel, Louloute cache derrière une apparente simplicité une ambition formelle et thématique assez poussée. Le récit mélange plusieurs strates et époques, filtrées par une totale subjectivité liée à un travail sur la mémoire, voire le passé. En premier lieu, Louloute est une tragédie paysanne, l’histoire d’une immense souffrance familiale ne se révélant que de manière très progressive, à travers le destin d’un homme, un père, qui se heurte de plein fouet à un monde trop changeant. En deuxième lecture, Louloute conte un souvenir. Celui d’une femme qui, devenue adulte, ne parvient à se sortir d’un passé qui dévore très littéralement son présent. Le metteur en scène peint alors une enfance aux couleurs trop dorées, recouvrant évidemment le drame en gestion que la petite fille ne pouvait voir. Viel fait le choix de filmer un passé sous son angle collectif et culturel, livrant ainsi le condensé des signes d’une époque (fin des années 1980) avec une exhaustivité parfois éreintante. Le système fait sens, l’opposition entre le défilé des codes (musique, films, dessin animé, tout y passe) et la souffrance, lisible entre les lignes, du père est une belle idée, mais la construction même du système condamne un peu le film, en corsetant le propos dans une création très réfléchie, mais parfois un peu trop fermée. Le défilé des références, la pudeur trop prononcée de la tragédie à venir, le passé qui ne passe pas : tout est là mais tout manque un peu d’air, dans une structure tellement finie que la vie et les souvenirs ont un peu de mal à passer.

Pierre-Simon Gutman 

Film français d’Hubert Viel (2021), avec Laure Calamy, Alice Henry, Bruno Clairefond. 1h27.




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