Critique Louise l'insoumise

Publié le 8 décembre, 2021 | par @avscci

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Louise l’insoumise de Charlotte Silvera

Une fois n’est pas coutume, c’est une réédition qui brille au coeur des sorties de la semaine. Louise l’insoumise date de 1984, mais raconte une histoire qui se situe au début des années 60. En un temps si proche et si lointain, où la structure familiale possédait un dureté granitique qu’elle n’a sans doute plus sous nos latitudes. Louise est une jeune ado, à peine sortie de l’enfance, confrontée à une mère tyrannique et un père démissionnaire qui brident sa soif de connaissance du monde, de rencontres et tout simplement de liberté. Charlotte Silvera, qui nous parle bien évidemment de sa propre enfance, brosse un tableau très constrasté des sixties naissantes, avec sa table en formica et De Gaulle à la télé, un mélange de pittoresque un peu nostalgique et de fureur contre un temps où il fallait plus que jamais lutter pour avoir voix au chapitre. Ses parents ne sont pas des monstres pathologiques, pas plus que ne l’étaient les parents d’Antoine Doinel dans Les Quatre Cents Coups, mais le fossé des générations est ici pour le moins béant. Qui debouche sur des saynètes aussi savoureuses (et parfois drôles) que glaçantes. La présence de De Gaulle aidant nous pensons à plus d’une reprise à Profession du père, de Jean-Pierre Améris, un autre tableau familial (recent celui-là) peint au vitriol. Mais Louise l’insoumise vaut aussi comme étant le point de depart (et sans doute d’arrimage) de l’oeuvre de Charlotte Silvera, une oeuvre bousculée, qui s’est frayée un chemin à la force du poignet, mais toujours d’une rare cohérence, défendant la place de la gent feminine dans le monde, mais aussi des valeurs qu’il faut bien taxer de républicaines (en un temps où l’on n’est plus sûr de rien), mettant en avant la liberté, l’élévation des êtres par le savoir et la tolérance. Tout un programme dont d’aucuns feraient bien de s’inspirer…

Yves Alion

Film français de Charlotte Silvera (1984), avec Myriam Stern, Catherine Rouvel, Roland Bertin, Marie-Christine Barrault. 1h35.  




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