Critique

Publié le 20 octobre, 2022 | par @avscci

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L’Innocent de Louis Garrel

Pour son quatrième long métrage, Louis Garrel s’offre un rôle de timide, un peu ahuri, craintif, un peu aveugle, qui deviendra entreprenant, sagace, courageux et même lucide. Sa mère assez follette est interprétée par Anouk Grinberg, qui semble revenir au cinéma depuis peu (tant mieux), son beau-père tout neuf par un Roschdy Zem qui laisse longtemps le spectateur perplexe sur sa vraie nature (est-il vraiment un voyou repenti ?). Et sa grande amie par Noémie Merlant, entraînant vers l’action ce grand pataud qui avait peur de tout. Le film est moins tenu que les trois premiers. Il propose de très belles idées, comme la longue scène, formidable, du « camionneur », où Garrel se permet à la fois un hold-up à la Monicelli, et un délire théâtral entre lui et Merlant drôle, surprenant, digne des grandes comédies américaines. Mais le film a ses baisses de rythme, ses raccourcis un peu frustrants. Et ce recours devenu un cliché rebattu à la chanson niaiseuse-mais-tellement-émouvante-finalement qu’on n’en finit plus de rencontrer dans les films français et italiens notamment. Pour le plaisir, chanté par Herbert Léonard, (1981, musique de Julien Lepers !) c’est bien gentil, mais une scie reste une scie. Drôle de film donc, aux intentions plutôt excitantes, avec des instants d’inspiration réelle (Lyon est très bien filmé), de vraie énergie de mise en scène, et des moments de négligence, de fausses bonnes idées (les leçons de choses sur les axolotl) qu’on s’explique mal. On voudrait que Garrel garde son envie  de cinéma tout en revenant à la rigueur (et à la solidité de scénario, et à l’émotion) des Deux amis et de L’homme fidèle

René Marx

Film français de Louis Garrel (2022) avec Louis Garrel, Anouk Grinberg, Noémie Merlant, Roschdy Zem. 1h40.




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