Critique Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson

Publié le 5 janvier, 2022 | par @avscci

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Licorice Pizza de Paul Thomas Anderson

Depuis une quinzaine d’années, l’œuvre de Paul Thomas Anderson semblait avoir pris une direction nouvelle, nous offrant des films moins immédiatement recevables, plus délicats, plus subtils. La critique n’a pas rechigné, qui a fait un triomphe à There will be blood ou Phantom Thread. Avec Licorice Pizza (une pizza à la réglisse, quelle drôle d’idée !), notre homme revient clairement à ses premières amours, quand il brossait à grands coups de pinceaux et avec des couleurs vives le tableau ironique mais enamouré des seventies. Licorice Pizza a évidemment des accents autobiographiques, l’action se situant dans la San Fernando Valley (au Nord de Los Angeles) dans les années 70. Nous suivons un couple de jeunes gens pas vraiment bien assortis et pas toujours fusionnels mais qui illustrent à merveille les chambardements de l’Amérique qui se produisaient alors. A un moment où le prix de l’essence explosait (causant des pénuries aussi gênantes qu’inédites) et où le nec plus ultra de la branchitude était de dormir sur un waterbed (dont le matelas était rempli d’eau). Le cinéaste s’amuse visiblement à nous plonger dans un monde à la fois lointain (le temps passe vite) et proche, avec ironie et tendresse. Il faut dire que les personnages sont tous hauts en couleur (le quart d’heure de Sean Penn donne lieu à un délicieux cabotinage) et que les péripéties qu’ils traversent ne sont pas toujours piquées des hannetons. Le parcours en marche arrière d’une rue en pente au volant d’un camion qui n’a plus une goutte d’essence dans le réservoir n’étant pas la moins remarquable… Au final, c’est à une Amérique rêvée, qui brique ses images d’Epinal, que nous avons affaire. En renouant avec l’esprit de Boogie Nights ou Magnolia, Paul Thomas Anderson n’est pas très loin d’un Tarantino lorsqu’il revisite le Hollywood des années 60 dans Once upon a time in Hollywood. Et c’est jouissif…

Yves Alion

Film américain de Paul Thomas Anderson (2021), avec Alana Haim, Cooper Hoffman : Gary Valentine, Sean Penn, Tom Waits. 1h40.




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