Critique Liban 1982 de Oualid Mouaness

Publié le 30 novembre, 2021 | par @avscci

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Liban 1982 d’Oualid Mouaness

Détail révélateur, le titre original de Liban 1982 ne comporte que l’année. Parce que dans ce pays martyr qui sert régulièrement de champ de bataille aux états voisins, cette date correspond au traumatisme collectif profond provoqué par l’invasion de Beyrouth par l’armée israélienne. Cet événement est décrit ici depuis une école bourgeoise anglaise dont les élèves sont inconscients de ce qui se joue dans les combats aériens qui se déroulent au-dessus de leurs têtes. Le réalisateur Oualid Mouaness s’inspire d’événements qu’il a lui-même vécus et met en scène dans ce contexte perturbé le trouble de l’enfant qu’il était face à une écolière dont il était secrètement amoureux. C’est d’ailleurs autour de la vie scolaire que se circonscrit cette chronique délicate et sensible racontée du point de vue d’un gamin qui se préoccupe davantage de ses élans du cœur que du contexte géopolitique ambiant. Un regard qui est aussi celui du metteur en scène. La réussite du film repose sur ce parti pris parfaitement tenu et ce décalage qui existe entre l’insouciance des enfants et les différends qui opposent les adultes qui les entourent en tentant de les rassurer. Ce microcosme recèle à lui seul tous les paradoxes d’un état croupion dont la guerre civile épuisera les meilleures volontés en montant les communautés les unes contre les autres. C’est ce que montre très bien ce film baigné d’insouciance dont la réalisatrice Nadine Labaki tient l’un des rôles principaux. Avec cette imagination enfantine qui finit par prendre le pouvoir à travers l’intervention fantasmée d’un super-héros de manga plus fort que la guerre.

Jean-Philippe Guerand

1982. Film libano-américano-norvégo-qatari d’Oualid Mouaness (2019), avec Nadine Labaki, Mohamad Dalli, Gia Madi. 1h44.




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