Critique Les Volets Verts de Jean Becker

Publié le 30 août, 2022 | par @avscci

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Les Volets verts de Jean Becker

La genèse de ce film est pour le moins atypique. Ce sont en effet les producteurs Michèle et Laurent Pétin qui ont commandé à Jean-Loup Dabadie l’adaptation d’un roman du prolifique Georges Simenon qui tourne autour de la figure du comédien Émile Maugin, un monstre sacré que son médecin traitant met en garde contre les excès, mais qui va passer outre et précipiter son trépas. Jean Becker a pris l’heureuse initiative de transposer son intrigue à l’orée des années 70, sans jamais en surligner inutilement les signes extérieurs. Pour avoir collaboré avec Dabadie à trois reprises, le réalisateur de La Tête en friche (2010) était sans doute le mieux à même de donner chair à cette chronique du crépuscule de la vie parisienne. Maugin est l’un de ces personnages rabelaisiens comme Gérard Depardieu les porte dans sa chair, face à des partenaires de choix avec lesquels il entretient une connivence qui crève l’écran. De sa complice de quarante ans Fanny Ardant (pour leur douzième rencontre à l’écran), à Benoît Poelvoorde en fidèle complice (c’est leur huitième confrontation), Fred Testot en chauffeur dévoué, Stéfi Celma en protégée et Anouk Grinberg en habilleuse, chacun de ces personnages possède un précieux supplément d’âme. À 89 ans, Jean Becker renoue avec ses plus belles réussites par une humanité chaleureuse et une empathie inaltérée qui s’exprime au cours d’une séquence qu’il a rajoutée au script : une savoureuse partie de pêche pagnolesque qui trahit la connaissance intime du sujet dont peut témoigner ce coutumier de l’île de Ré… où beaucoup de maisons arborent des volets verts.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Jean Becker (2022), avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Stéfi Celma, Anouk Grinberg 1h37.




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