Critique

Publié le 10 novembre, 2022 | par @avscci

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Les Repentis d’Icíar Bollaín

On sait généralement comment débutent les rébellions, mais on n’en situe que rarement le terme. Comme si l’orgueil interdisait aux combattants de mettre un terme officiel à leur engagement. Connu sous son acronyme ETA, Euskadi Ta Askatasuna (littéralement “Pays basque et liberté”) a fédéré le ralliement des indépendantistes basques à l’idéologie marxiste-léniniste à partir de 1959, avant de se radicaliser de 1968 à 2010, à travers des enlèvements crapuleux, des extorsions de fonds et des attentats meurtriers. Icíar Bollaín s’attache dans son nouveau film à l’histoire méconnue de ses soldats perdus. Le tout à l’initiative d’une femme hors du commun, Maixabel Lasa, veuve courageuse d’un homme politique assassiné qui a rencontré son meurtrier pour essayer de comprendre son geste. Ce sujet, la réalisatrice Icíar Bollaín le doit à la suggestion de sa coscénariste Isa Campo avec laquelle elle collabore pour la première fois. Les Repentis est le récit d’une sorte de rédemption transcendée par deux comédiens qui habitent littéralement leurs rôles : Blanca Portillo, à qui sa composition a valu le Goya de la meilleure actrice, et Luis Tosar qui excelle sur le registre le plus difficile qui soit, celui d’un personnage muré en lui-même qui va devoir produire un effort considérable pour s’extirper de l’isolement sans issue auquel l’ont condamné ses crimes. Ce sont les démarches inverses de ces deux protagonistes auxquelles s’attache la mise en scène, en décrivant ce processus si complexe et pourtant si peu spectaculaire comme le trajet incontournable qui mène à la possibilité du pardon.

Jean-Philippe Guerand

Maixabel. Film espagnol d’Icíar Bollaín (2021), avec Blanca Portillo, Luis Tosar, Urko Olazabal, Maria Cerezuela. 1h56.




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